Madame lit Seule la peur est bleue de Martha Baillie

« Parce que la schizophrénie Parce que le genévrier Parce que je vais perdre la maison »
Chère Lectrice, Cher Lecteur,
J’ai demandé aux Éditions Alto de me faire parvenir en service de presse Seule la peur est bleue de Martha Baillie, car dans ce récit, il est question de schizophrénie. Comme ce thème me touche particulièrement, j’ai connu plusieurs personnes atteintes de cette maladie, je voulais découvrir ce que l’autrice avait à dire sur un tel sujet. Par ailleurs, je remercie la maison d’édition pour cet envoi en service de presse et pour cette découverte littéraire.
Tout d’abord, qui est Martha Baillie ?
Selon le site Web des Éditions Alto :
« Depuis près de trente ans, Martha Baillie bâtit une œuvre originale qui l’a amenée à brouiller la frontière entre les genres, alliant avec grâce la poésie, l’essai, le récit personnel et le roman. Cette inventivité a valu à l’écrivaine une nomination au prix Giller pour son livre The Incident Report, récemment porté à l’écran par la réalisatrice Naomi Jaye. The Search for Heinrich Schlögel (La disparition d’Heinrich Schlögel, Leméac, 2016) s’est retrouvé sur la liste de lectures d’Oprah Winfrey. Sister Language, livre coécrit avec sa sœur Christina Baillie, a été finaliste pour le prix Trillium. Dans sa version anglaise (There Is No Blue), Seule la peur est bleue a été choisi comme un des meilleurs livres de l’année 2023 par CBC Books et le Globe and Mail, et il a reçu en 2024 le prix Hilary Weston Writers’ Trust for Nonfiction. »
Seule la peur est bleue
Christina Baillie, la sœur de l’autrice canadienne, est morte à 61 ans. Elle s’est enlevé la vie. Elle était artiste. Elle était schizophrène. Elle était une femme. Elle était une fille. Elle était une sœur. À partir des dernières inscriptions sur le mur laissées par sa sœur, l’autrice va aller à la rencontre du passé de cette dernière, de son histoire familiale, de sa maladie. Elle réussit à faire surgir son esprit singulier, sa force créatrice et sa perception de l’enfance. La peur se terre partout dans ce récit afin de titiller les perceptions. Quelle est la vraie image du père ? Les perceptions entre les deux soeurs sont différentes et elles font mal. La peur est aussi familiale et elle fragilise les rapports entre les membres d’une famille. Comme l’écrit Christina dans son journal intime : « Seule la peur est bleue, […].»
Mes impressions
Je dois dire que je suis sortie de cette lecture assez bouleversée. Comme mentionné, j’ai côtoyé la schizophrénie à plusieurs degrés dans mon entourage. Alors, ce texte m’a beaucoup émue, m’a permis de plonger dans mes histoires familiales, m’a aidée à comprendre un peu plus cette terrible maladie.
« La schizophrénie mesurait, épinglait et recousait constamment le passé de Christina pour lui bâtir, à partir du tissu de notre enfance, un horrifiant costume parfaitement ajusté. En quelle année cette entreprise de confection a-t-elle débuté, je ne saurais dire. » (p. 139)
Comme illustré dans la citation précédente, les souvenirs détiennent une place capitale, car ces derniers se construisent différemment d’une personne à l’autre. Ils s’effacent aussi pour tomber dans l’ombre, dans cette zone bleue. À quel moment une personne glisse-t-elle vers la maladie ? Quand une crise se profile-t-elle ? Christina avait 12 ans lorsqu’elle a eu sa première hallucination auditive. Puis, elle a été anorexique, elle s’est mutilée, elle a eu un choc post-traumatique. La schizophrénie et son diagnostique viendront plus tard comme pour beaucoup de personnes. Elle était douée pour masquer sa vérité. Prisonnière du langage, sa sœur n’existait que par le biais des mots. L’écrivaine aurait pu être elle. Par ailleurs, elle était victime de la fragmentation du langage.
« Familier, écrivait-elle dans son journal, est un mot que j’admets. Famille, non. » (p. 104)
Chaque crise crée en elle une complexité en fonction de ses rapports familiaux et de ses rapports avec la vérité. Quelle voix entend-elle ? Quelles émotions s’amplifient plus facilement ? Le quotidien de Christina oscille entre colère, calme, amour, violence. Elle peut passer d’une émotion à l’autre en un seul clic de doigt.
Je le répète, j’ai été très touchée par cette lecture. C’est criant de vérité, c’est une ode à la sororité, c’est une plume magique qui fait renaître sous nos yeux, une femme inoubliable. Ce texte parle d’une schizophrène dans une famille et comment la maladie l’affecte.
Je recommande ce livre :
- Si vous voulez lire une histoire de famille marquée par la maladie
- Si vous souhaitez découvrir la plume de Martha Baillie
- Si vous appréciez les livres sur la mémoire, les souvenirs, l’art
Quel livre sur la schizophrénie avez-vous lu ? Que pensez-vous de mon article ?
Bien à vous,
Madame lit
Martha Baillie, traduit de l’anglais par Sophie Voillot, Québec, Alto, 2025, 211p.
ISBN 978-2-89694-661-7
Vous avez remarqué une faute dans mon article? Écrivez-moi à lit.madame@gmail.com et il me fera plaisir de la corriger. Je ne suis pas parfaite… et il m’arrive aussi d’en faire. Merci et bonne lecture!!!
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