Madame lit Tous les matins du monde de Pascal Quignard

Tous les matins du monde
«Tous les matins du monde sont sans retour». (p. 107)
Chère lectrice, Cher lecteur,
Afin de participer au printemps des artistes organisé par Marie-Anne du blogue La Bouche à Oreilles, j’ai décidé de lire Tous les matins du monde de Pascal Quigard. Comme j’avais acheté ce livre il y a quelques mois, je me suis dit qu’il était temps de le sortir de ma bibliothèque car il s’avère question de musique dans cette histoire. En fait, la musique apparaît comme un personnage dans ce récit car elle s’infiltre entre le monde des vivants et des morts. Il faut apprendre à la décoder… Elle est le lien entre tous les personnages du récit.
Tous les matins du monde de Pascal Quignard
En 1650, l’épouse chérie de M. Sainte-Colombe meurt. Elle laisse dans le deuil son mari et ses deux filles, Madeleine et Toinette. M. Sainte-Colombe est un musicien de viole et il compose «Le Tombeau des Regrets» afin d’exprimer toute la peine qu’il ressent après avoir perdu celle qu’il adorait. Après le décès de sa femme, il s’isole et il écrit de la musique pour son amour perdu. Mais encore, il apprend la viole à ses filles. Le trio donne même des récitals. M. Sainte-Colombe ne cesse de voir le fantôme de son épouse. Elle l’accompagne dans sa solitude et elle apparaît dans ses larmes lorsqu’il joue. Puis, un jeune homme, Marin Marais, vient frapper à la porte de la famille. Il souhaite parfaire ses compétences de musicien. M. Sainte-Colombe demande au jeune homme de lui jouer un morceau. Il décide de le prendre sous son aile car il a été ému par sa voix brisée plus que par sa façon d’appréhender l’art. Plus que d’apprendre à bien jouer, il lui enseigne à comprendre la musique et à faire naître une émotion, à sentir, à ressentir. Après quelques années auprès de Saint-Colombe, Marin Marais séduit l’aînée des filles et il l’abandonne après avoir séduit la cadette. Puis, il s’en va exercer son métier à la Chambre du Roi. Madeleine s’enlise dans une douleur et Toinette trouve un époux. Marin Marais ne réussira jamais à être un musicien car il ne peut partager son amour. Il s’avère égoïste.
Ce que j’ai pensé de ma lecture
J’ai bien apprécié ma lecture. J’ai adoré toutes les réflexions sur la musique et sur l’amour. Voici un exemple :
«Quand je tire mon archet, c’est un petit morceau de mon coeur vivant que je déchire. Ce que je fais, ce n’est que la discipline d’une vie où aucun jour n’est férié. J’accomplis mon destin». (p. 75)
Et lorsqu’il parle au fantôme de sa femme, il lui dit ceci :
«Je ne sais comment dire, Madame. Douze ans ont passé mais les draps de notre lit ne sont pas encore froids. » (p 80.)
Ce court bouquin est rempli de pépites de ce genre par rapport à la musique et à l’amour. J’ai trouvé cette histoire merveilleuse et très sensible. Elle écorche l’âme. L’espace littéraire déployé par l’auteur apparaît très puissant et chaque lectrice ou chaque lecteur peut s’y terrer à sa guise durant 116 p. M. Sainte-Colombe est musicien et son langage musical est tributaire de la mort, de l’absolu. C’est sa manière d’entrer en fusion avec son âme et de transposer sa peine en musique. Sa musique parle de lui, de ses sentiments. Sa viole lui permet d’exprimer l’innommable.
J’avais vu l’adoption cinématographique en 1991 et je me souviens que je l’avais beaucoup aimée, d’une part pour la belle musique baroque s’y retrouvant et d’autre part, pour le jeu des acteurs père et fils (Gérard Depardieu et Guillaume). Voici d’ailleurs sa bande-annonce :
Si vous souhaitez passer un sublime moment littéraire court, je vous invite à vous laisser bercer par la magie de cette histoire. Vous ne serez pas déçu. C’est un dialogue entre la vie et la mort passant par le chant de la viole.
Par ailleurs, cette lecture me permet de participer au Printemps des artistes 2023 organisé par La Bouche à Oreilles.
L’avez-vous déjà lu?
Bien à vous,
Madame lit
Quignard, P. (2021). Tous les matins du monde. Gallimard coll. Folio.
ISBN : 978-2-07-038773-1
Vous avez remarqué une faute dans mon article? Écrivez-moi à lit.madame@gmail.com et il me fera plaisir de la corriger. Je ne suis pas parfaite… et il m’arrive aussi d’en faire. Merci et bonne lecture!!!
J’avais moi aussi beaucoup aimé le film. Le livre a l’air très beau également. Ravie de revoir Guillaume Depardieu que je trouvais extrêmement touchant dans ses rôles.
J’aimeAimé par 2 personnes
Merci Sacha… C’est bien vrai qu’il est bon de revoir Guillaume. J’aimais bien aussi son jeu d’acteur. Le livre est excellent aussi. 🙂
J’aimeJ’aime
Bonjour Nathalie ! Merci pour cette participation ! J’avais aimé le film avec Guillaume Depardieu mais je n’ai pas lu le livre de Quignard. J’aime beaucoup ta chronique et les extraits que tu nous donnes sur l’amour et la musique. Les sentiments qui peuvent s’exprimer par cet art. Je te souhaite une très bonne journée !
J’aimeAimé par 1 personne
Merci Marie-Anne. Grâce à ton printemps des artistes, j’ai glissé l’espace de quelques pages dans un univers sublime, empreint de musique. Ce livre, c’est de l’Art. Au plaisir!
J’aimeAimé par 1 personne
Ce livre m’attire beaucoup. J’espère y trouver les mots justes qui transcriraient l’âme de la musique. J’en prends note et te remercie pour cette belle chronique!
J’aimeAimé par 2 personnes
Merci à toi. Ce livre parle de la vie et de la mort à travers la musique. Je le conseille… C’est grandiose comme la musique baroque!
J’aimeAimé par 1 personne
Un des rares bons souvenirs du bac !!! Ahah !
J’aimeAimé par 1 personne
Je souris en te lisant! 🙂
J’aimeJ’aime
Quel merveilleux roman! Court mais on y découvre l’amour, la peinture et surtout la musique et la vie. À noter et à relire…
J’aimeAimé par 1 personne
Bien d’accord avec toi. Je le relirai certainement. Merci!
J’aimeJ’aime