Madame lit Un lac le matin de Louis Hamelin

«Moi, ce que je j’aimerais bien savoir, c’est pourquoi un diplômé de Harvard voudrait vivre à l’écart, dans une cabane, pour commencer». (p. 137)
Chère lectrice, Cher lecteur,
Dans le cadre de la rentrée littéraire québécoise 2023, j’ai demandé à recevoir en service de presse Un lac le matin de Louis Hamelin. Pourquoi? Il est question de Henry David Thoreau (1817-1862), icône de la littérature américaine grâce à son célèbre livre Walden, ou la vie dans les bois (1854) et comme je suis fascinée par la vie de cet homme, je me suis dit que c’était mon genre de lecture. À cet égard, je tiens à remercier la maison d’édition de m’avoir fait parvenir le livre en service de presse. Ce dernier est disponible en librairie depuis le 3 octobre 2023.
Tout d’abord, qui est Louis Hamelin?
Selon les Éditions du Boréal :
«Né à Grand-Mère en 1959, Louis Hamelin poursuit des études à l’Université McGill où il obtient un baccalauréat en sciences de l’agriculture en 1983. Il obtient ensuite une maîtrise en études littéraires à l’UQAM en 1990. C’est à partir de ce moment qu’il se consacre à l’écriture. En 1989, Louis Hamelin se voit décerner le Prix du Gouverneur général pour son premier roman, intitulé La Rage.
Chroniqueur littéraire au Devoir et à Ici Montréal, ses textes sont publiés en 1999 aux Éditions du Boréal, sous le titre Le Voyage en pot.
Depuis le début des années 1990, il a collaboré à une quinzaine de journaux et de revues, participé à de nombreuses rencontres, événements culturels et lectures publiques, tout en publiant neuf livres. Critiques et public s’accordent aujourd’hui pour dire que Louis Hamelin occupe une place de choix dans l’univers littéraire québécois.
La Constellation du lynx a reçu le prix des libraires du Québec 2011 et le prix littéraire des collégiens 2011.»
Un lac le matin de Louis Hamelin
Le 4 juillet 1845, Henry David Thoreau emménage dans une cabane sur le bord du lac Walden au Massachusetts pour lire, observer les animaux et s’adonner à la rêverie. Il rencontre un Canadien français, Alex Therrien, un homme simple, bûcheron et poseur de clôtures. Cette rencontre marque Thoreau car son ami illettré aime la nature et il vit dans le moment présent. ll n’a besoin de rien sauf de l’air frais qu’il respire. Thoreau passera deux ans, deux mois et deux jours dans sa cabane. Il reçoit des visiteurs et il rend visite aux siens lorsqu’il a besoin, entre autres, de faire laver son linge sale. Thoreau, en choisissant de vivre dans les bois souhaite surtout se confronter aux nécessités de la vie.
Il y a aussi le vécu de l’auteur qui entrecoupe les chapitres sur Thoreau. Ces incursions dans les années 2020 permettent au narrateur de constater l’urgence qu’il y a à préserver la planète par rapport aux changements climatiques et à la surconsommation. Le narrateur, en l’occurence Hamelin, essaye d’adopter certains éléments tributaires de la vie de Thoreau comme l’observation de la nature.
Mes impressions
Pendant la pandémie, j’ai changé ma façon de vivre. Je ne travaille plus, j’ai déménagé dans une petite maison (avant j’avais une immense propriété avec piscine creusée et maison d’invités), je vis sur le bord d’un lac et souvent, je m’assois pour observer les canards, le grand héron arpentant notre baie et mes jolies mélèzes se dandinant dans le vent. J’ai des mangeoires à oiseaux où défilent les gentilles mésanges, les possessifs geais bleus, les curieux cardinaux et les splendides gros-becs errants. Je crois fortement qu’il faut revenir à la simplicité volontaire, à ralentir le rythme fou dans lequel les gens sont entraînés, à prendre soin de notre planète car nous ne sommes que des «poussières d’étoiles». En ce sens, ce livre parle de ce que je viens d’énoncer. Comme il est mentionné : «Dans ce pays qu’on dit libre, les gens vivent comme des machines!» (p. 113)
Quel est notre rapport à la nature? Thoreau invite à l’observation et à vivre en symbiose avec elle. Ainsi, alors qu’il est sur un bateau durant la nuit, il sort son pipeau :
«Tandis qu’il improvisait un air, il eut l’impression de s’ouvrir à la vaste sympathie de la nature autour de lui. Les sons qu’il tirait de son instrument le rapprochaient de l’hirondelle et du granit, du ouaouaron et de la pruche, il était le parent de la moufette et du pourpier, de la larve de la phrygane et de la vaguelette sublunaire. La moindre aiguille de pin dans son élan vital lui manifestait plus de bienveillance que ses distants concitoyens. Non, il n’était pas seul, et encore moins étranger au Walden.» (p.68-69)
Vous l’aurez compris, ce livre regorge de magnifiques citations sur la nature. J’ai, en ce sens, pris le temps de le savourer. Comme le relève Thoreau à son ami :
«Le temps, Waldo… c’est la rivière dans laquelle je pêche». (p.224).
Ce livre n’est pas un plaidoyer pour revenir à un mode de vie ancien. Il se veut plutôt un appel à prendre conscience, par exemple, du bruit tributaire des «bébelles» de notre quotidien (je peux citer les nombreuses motomarines, les bateaux aux moteurs puissants, les pontons, etc. sur le lac et qui polluent autant par l’essence et l’huile s’échappant dans l’eau que par leur brouhaha). Je ne comprends pas cette autre folie à arpenter les lacs à toute vitesse…Et que dire de la ville? Je vous laisse y réfléchir…
À l’image du narrateur vivant dans une banlieue au milieu de «maisons toutes pareilles» et des «automobiles que l’on trouve partout», il faut prendre le temps d’observer, malgré tout, un faucon venant se poser pour manger un oiseau et après, le regarder prendre son envol pour rejoindre Thoreau. Qui sait?
Je vous invite à lire ce roman si vous avez envie d’en apprendre un peu plus sur Thoreau et son mode de vie axé sur la simplicité volontaire.
Ce livre évoque-t-il un autre livre, un film?
Bien à vous,
Madame lit
Un lac le matin
Louis Hamelin, Montréal, Les Éditions du Boréal, 2023, 241 p.
ISBN : 978-2-7646-2752-5
Vous avez remarqué une faute dans mon article? Écrivez-moi à lit.madame@gmail.com et il me fera plaisir de la corriger. Je ne suis pas parfaite… et il m’arrive aussi d’en faire. Merci et bonne lecture!!!
Cet article contient des liens d’affiliation grâce à un partenariat avec la coopérative des Librairies indépendantes du Québec. Vous pouvez commander Un lac le matin de Louis Hamelin par le biais du site Web des Libraires grâce à un lien sécurisé.



Merci. Pas de critique de poésie?
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Pas dans le cadre de la rentrée…
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Oh! Je sais que je l’aimerais beaucoup celui-ci! Un autre regard sur Walden ou la vie dans les bois… merci pour ce partage!
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Alors, il ne faut pas hésiter à noter ce titre! Merci!
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Bonjour Nathalie ! Ça fait longtemps que j’ai envie de lire Walden de Thoreau. J’en ai souvent entendu parler très positivement. Ta chronique est très poétique et donne envie d’en savoir plus. Merci ! Bonne journée à toi
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Merci Marie-Anne! Bonne fin de journée!
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Voilà visiblement une lecture ressourçante qui nous rappelle que bien avant nous, d’autres voyaient déjà la nécessité de ralentir et de vivre en accord avec la nature, et que nous ferions bien de nous en inspirer !
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Je partage ton commentaire… Il faut s’inspirer de ce mode de vie axé sur la simplicité volontaire. Je me dis que je suis chanceuse de vivre entourée d’arbres, d’oiseaux, et d’eau. La nature, c’est tellement la vie…
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Quel merveilleux texte où tu réussis à parler de l’auteur québécois, de Thoreau et de la nature et de l’usage que nous en faisons. Je veux lire ce livre et ton texte me renvoie à certains romans islandais que j’aime tellement… Merci pour cette double découverte!
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Je te recommande ce livre car il parle, entre autres, de la nature et il est tellement important de la préserver. Merci beaucoup et bonne lecture!
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