Madame lit Vent d’est, vent d’ouest de Pearl Buck
Chère lectrice, Cher lecteur,
En octobre, les organisatrices de la saison 4 du défi Les classiques c’est fantastique, ont proposé aux participantes et aux participants la consigne suivante :
«Le mois d’octobre ouvre le bal des grands prix littéraires… Nous vous proposons donc de faire quelques infidélités à la rentrée littéraire contemporaine pour aller fouiner un peu du côté des anciens Goncourt ou Nobel parmi les grands classiques. L’occasion de dépoussiérer un peu vos étagères sur lesquelles sommeillent peut-être de grands prix littéraires?»
Comme mon amie An du blogue Des Livres dans la lune m’avait donné son édition de Vent d’est, vent d’ouest lors de mon dernier passage en Belgique, je me suis dit que j’allais lire ce classique dont elle m’avait parlé. Il est à souligner que Pearl Buck a remporté le prix Nobel de littérature de 1938.
Avez-vous déjà entendu parler de Pearl Buck? Qui est cette autrice qui a gagné le prix Nobel de littérature en 1938?
Selon le site Internet français Sud Ouest :
«Première femme à être lauréate du prix Pulitzer de la fiction pour « La Terre chinoise », en 1931, elle obtient le prix Nobel de littérature en 1938, pour « ses descriptions riches et épiques de la vie des paysans en Chine et pour ses chefs-d’œuvre biographiques ». À l’époque elle est la première Américaine et la quatrième femme à recevoir le plus prestigieux des prix littéraires. Une distinction qui suscite une terrible jalousie parmi ses pairs, alors que de grands écrivains américains tels que Mark Twain, Theodore Dreiser et Henry James ont été ignorés par l’Académie suédoise. Devenir la risée des auteurs et des critiques littéraires « sérieux » ne l’empêchera pas d’écrire plus de 70 livres et de s’essayer à presque tous les genres. Elle publiera même un livre de cuisine sur la cuisine asiatique, « Pearl S. Buck’s livre de cuisine orientale « (1972). À la fin des années 60, elle était l’auteur américain le plus traduit du XXe siècle.»
Vent d’est, vent d’ouest de Pearl Buck
Kwei-Lan écrit des lettres à sa soeur. Elle fait partie d’une famille de haute naissance chinoise. Depuis l’enfance, elle se prépare à épouser le fils d’une riche famille chinoise selon les rites traditionnels. Son fiancé revient d’Europe où il a étudié la médecine. Elle ne le connaît pas et le rencontre le jour de son mariage en 1920. Elle va apprendre à devenir son épouse, mais pas selon l’enseignement qu’elle a reçu de ses ancêtres et de sa mère. Son époux qu’elle appelle «Seigneur» vit plutôt selon le mode libéral et il entend bien que sa jeune femme si elle souhaite lui plaire, réponde à ses attentes, car il n’a aucun respect pour les rites, les coutumes ou encore les vieilles croyances chinoises.
Le frère de Kwei-Lan est parti en Amérique pour échapper à un mariage forcé. Il est fiancé depuis qu’il est un enfant avec une jeune fille d’une riche famille qu’il ne connaît pas et il la considère laide. Sa mère lui en veut et désire qu’il revienne pour qu’il respecte la promesse faite à la famille de sa fiancée. Cependant, en Amérique, il rencontre une belle jeune femme blanche dont il tombe éperdument amoureux. Il l’épouse et revient auprès de la famille de sa soeur pour la présenter à sa mère et à son père et faire basculer ainsi l’autorité parentale en sa faveur. Cependant, les événements vont s’enchaîner et le vent va souffler de tous les côtés afin de provoquer des changements. Est-ce possible dans cette Chine qui ne connaît rien de l’Occident?
Mes impressions
Comment ne pas aimer cette histoire où la nouveauté/la jeunesse versus la tradition/les parents, ancêtres s’opposent et animent le coeur des personnages? Ces derniers d’ailleurs appartiennent à un côté plutôt qu’à l’autre. Kwei-Lan cependant est tiraillée entre les deux.
Elle s’avère particulièrement touchante car elle n’a pas le choix de changer puisqu’elle aime profondément son époux et le respecte. Le premier geste qu’elle pose m’a marquée car elle doit débander ses pieds qui ont été enfermés toute sa vie dans des toiles pour qu’ils restent petits. J’avais mal pour elle… Son époux trouve les petits pieds horribles et il révèle à Kwei-Lan que cette coutume est malsaine pour son corps en entier et ses os. Elle décide de ne plus les bander car elle veut gagner l’amour de son époux.
«Car, lorsque mes pieds eurent été baignés, et entourés d’une bande plus lâche, la souffrance devint intolérable. En réalité, la détente fut aussi pénible que la compression du début. Mes pieds, habitués à être maintenus, s’allongèrent légèrement, et le sang se reprit à circuler. Dans la journée, par instants, j’arrachais les bandes pour me soulager en les resserrant. Mais à la pensée de mon mari, à l’idée qu’il s’en apercevrait le soir, je les remettais en place d’une main tremblante. Je n’obtenais qu’un peu de répit qu’en m’asseyant sur mes pieds et en me balançant d’un côté et d’autre. » (p. 57)
Kwei-Lan a toujours cru qu’en ayant des petits pieds, elle était belle et désirable. C’est un choc de constater que son époux trouve sa souffrance terrible et qu’il souhaite qu’elle s’émancipe de cette horrible pratique. D’ailleurs, il lui mentionne un peu plus loin :
«Nous supporterons cela ensemble, Kwei-Lan, me disait-il. C’est cruel de vous voir tant souffrir. Tâchez de penser qu’il ne s’agit pas seulement de nous, mais des autres : une protestation contre une vieille et mauvaise chose. » (p. 57)
De la protestation, il y en a dans ce récit. Cette dernière apparait causée aussi par amour. Kwei-Lan aime son époux et elle lui demande conseil car elle le trouve sage. Il l’éveille, il l’éduque à la nouveauté, à la science. Son frère aime sa femme. Pour cet amour, il renonce à l’autorité parentale et à son héritage. La puissance de l’amour des personnages les amène à protester contre l’ordre établi, les mauvaises traditions qui sont souvent la cause de leur malheur. Et cette protestation découle de l’Occident. Les Chinois vont s’instruire au contact des Occidentaux. Ils vont comprendre que la Terre est ronde, qu’être obligé d’avoir une Première épouse, des concubines, une Seconde épouse, etc. est une pratique désuète et terriblement cruelle pour les femmes qui aiment leurs époux.
En tous les cas, je ne peux que vous recommander de lire Vent d’est, vent d’ouest. La construction des personnages est forte et les thèmes abordés cherchent à illustrer l’écroulement des vieilles fondations chinoises. La plume de Pearl Buck est toute fine et délicate. Sa prose est épurée et elle va à l’essentiel. Ses descriptions apparaissent magnifiques. Elle sait raconter les conflits intérieurs de Kwei-Lan. C’est de l’émotion à l’état pur!
Ce bouquin a été lu dans le cadre du défi Les Classiques c’est fantastique créé par Moka et Fanny . En octobre, il fallait choisir entre un Prix Goncourt ou un Prix Nobel. Mon choix s’est arrêté sur un roman de l’autrice américaine Pearl Buck récipiendaire du Nobel de littérature en 1938.
Avez-vous déjà lu un bouquin de Pearl Buck?
Bien à vous,
Madame lit
Vent d’est, vent d’ouest, traduit de l’anglais par Germaine Delamain
Pearl Buck, Paris, Le livre de Poche, 2008, 153 p.
ISBN : 978-2-253-00468-4
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Ce titre m’a toujours fait rêver sans connaître la trame du roman. Il a l’air superbe et dépaysant !
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Oui! C’est très dépaysant et en même temps, en tant qu’Occidentaux, nous comprenons un peu mieux les traditions chinoises et ce qui a provoqué un écroulement de ces dernières. Je te le recommande sans hésitation!
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Vraiment heureuse qu’il t’ait tant plu! Il reste un de mes plus beau souvenir de lecture d’adolescente, et que j’ai découvert grâce à mon enseignante de français qui l’avait mis dans la liste de lecture de l’année et à ma maman qui en parlait de bien belle manière.
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J’ai tellement aimé cette histoire… Kwei-Lan est un personnage féminin magnifique. Elle réussit à se libérer progressivement grâce à l’Amour. J’ai été très touchée. Vraiment. Merci de m’avoir permis de découvrir cette sublime histoire. Un gros coup de ❤️!
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Pearl Bick, j’ai l’impression d’avoir 40 ans de moins ! 😉
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Tant mieux! 🙂
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ça serait carrément miraculeux, 40 ans de moins physiquement mais avec ce que je suis aujourd’hui alors ! 😉😋
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🙂
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😉
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Bonjour Nathalie ! J’avais entendu parler quelquefois de Pearl Buck mais je ne l’ai jamais lue ! Cette histoire d’amour autour des coutumes chinoises a l’air très touchante. J’aime les extraits que tu as choisis ! Bonne journée à toi 🙂
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Merci Marie-Anne! Je crois que tu aimerais bien ce beau livre si tu apprécies les extraits cités. Bonne fin de semaine!
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J’ai lu ce livre quand j’étais adolescente et je l’ai adoré. Je l’ai trouvé très touchant mais, si je me souviens bien, il y a aussi des passages assez amusants (à cause du décalage entre tradition et modernisme inspiré de l’Occident). J’ai lu ensuite plusieurs ouvrages de Pearl Buck et je n’ai jamais été déçue.
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Je suis ravie d’apprendre que les autres livres de Pearl Buck s’avèrent aussi intéressants. Il y a effectivement un peu d’humour dans le livre. Merci et bonne lecture!
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J’avais découvert cette autrice lors de mes recherches car je voulais lire une femme ayant obtenu le Nobel. Je suis contente que tu l’aies choisi pour ce RDV et que ta chronique donne à ce point envie de me plonger dans son œuvre.
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Je suis contente aussi car je voulais absolument présenter une femme s’était méritée le Nobel de littérature. Elle s’est démarquée devant des auteurs de son époque fort connus. Elle le mérite vraiment!
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Un grand livre et une formidable écrivain à la vie très riche et pleine d’aventures 🙂
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Bien d’accord! Merci beaucoup!!! 🙂
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Encore une autrice qui a subi les railleries de ces messieurs bien trop prétentieux…
Je ne la connaissais pas du tout. Même en zieutant quelques noms de Nobel pour préparer le challenge, mes yeux ne se sont pas arrêtés sur elle. Merci de nous la faire découvrir.
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Je trouve qu’elle mérite d’être connue du moins pour avoir créé de la jalousie chez ses réputés confrères de l’époque. N’hésite pas la lire! Merci!
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Une autrice à lire un jour. Je dois avouer que j’ignorais qu’elle avait eu le Nobel !
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On en découvre tout le temps avec la littérature. C’est ce qui fait sa richesse!
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Merci pour la totale découverte!
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Au plaisir!
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Chef d’oeuvre ! Je l’ai lu dans le cadre de ma scolarité en 6eme (6th grade) il faisait partie du curriculum dans le temps. Relu adulte et adoré tout autant. J’ai lu quelques autres aussi, Pearl Buck est un grand écrivain. Un coeur fier, sur une femme qui prend son envol et son indépendance en tant que mere et artiste que j’avais bcp aimé aussi et un sur le métissage : un mariage mixte américain/japonais et l’enfant métis issu du mariage : La fleur cachée tres bon aussi.
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Merci beaucoup de partagé votre expérience de lecture avec les livres de Pearl Buck. Je trouve qu’elle a une plume magnifique et elle propose des thèmes modernes. Je vais certainement en lire d’autres parmi ceux que vous mentionniez.
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Je l’ai beaucoup lue lorsque j’étais ado, dans les années 70 ! Vent d’Est, vent d’Ouest est le premier livre d’elle que j’ai lu. Je me souviens d’avoir aimé Pivoine, La Terre chinoise qui est une trilogie, Impératrice de Chine et Pavillons de femmes. J’avais l’impression que plus personne ne lisait Pearl Buck de nos jours, alors ça fait plaisir que tu en parles ici.
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Je participe à un défi dont l’objectif est de lire des classiques. Comme cette importante dame de la littérature a remporté un Nobel, je trouvais intéressant de la mettre à l’honneur. Merci beaucoup pour ce partage autour des livres de Pearl Buck. Tu en as lu beaucoup! Au plaisir!
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