Madame lit Les Foley d’Annie-Claude Thériault
«Briser la guigne, papa. Je t’assure, j’ai voulu briser la guigne».
Chère lectrice, Cher lecteur,
Pour le troisième livre sur lequel il fallait se pencher, j’ai proposé au Club de lecture, Les têtes à Papineau, Les Foley d’Annie-Claude Thériault. Ce dernier a été publié en 2019. Lors de sa sortie, j’avais lu des commentaires positifs sur ce dernier et je me suis dit que ce serait un bon choix car l’autrice est originaire de notre région. Ai-je bien choisi? Oui! Les participantes et les participants ont attribué une note variant entre 4/5 et 5/5. Alors, selon moi, ce livre cadrait parfaitement pour échanger, partager autour d’un bon livre d’une autrice québécoise.
Qui est Annie-Claude Thériault?
Selon la page Wikipédia lui étant consacrée :
«Annie-Claude Thériault, née le 1er décembre 1978 à Ottawa (Canada), est une écrivaine québécoise, auteure de nouvelles et de romans. Elle écrit des nouvelles et des romans d’atmosphères dans un style d’écriture parfois poétique. Elle s’intéresse particulièrement à l’univers des individus isolés dont le destin est marqué par leur filiation et leur famille.»
Les Foley
Cette histoire en est une de famille et de la descendance de cette dernière. Elle débute par la matriarche des Foley et un coléoptère en Irlande durant la Grande Famine. Elle écrase l’insecte et elle crie que la guigne va s’abattre sur les siens. Elle n’aura pas tort… Voici comment se présente ce livre s’avérant structuré en 6 temps.
- 1847 – La guigne – Citation en exergue de James Joyce – Gens de Dublin – On retrouve l’histoire d’Ann durant cette partie et celle de l’insecte qui conditionnera l’histoire des Foley : le coléoptère. Ainsi, la grand-mère, Eveline Foley, affirme qui les siens sont frappés par la guigne à l’époque de la Grande Famine en Irlande. Ann doit partir avec son père et ses frères pour aller vivre au Canada, mais elle refuse et retourne auprès de sa grand-mère et de ses tantes. Elle choisit de continuer à vivre entourée de femmes.
- 1880 – Le refuge – Citation en exergue H.J. Longfellow – Évangéline – Nora, la petite-fille d’Eveline Foley, se retrouve au couvent pour apprendre à lire et à écrire. Elle voit son père mourir après l’avoir déposée au couvent. – Il y a des belles réflexions échangées entre Nora Foley et Soeur Jeanne sur les exilés, les apatrides (p. 99) – Au Nouveau-Brunswick, les Irlandais sont confrontés à la même discrimination de la part des Anglais qu’en Irlande. Nora ressent une attirance pour Soeur Jeanne.
- 1910 – L’esseulement – Citation de Thoreau – La vie dans les bois – Nora Foley et sa fille Ellen vivent dans une cabane dans le bois et elles chassent pour se nourrir et survivre. La jeune Ellen n’a jamais vu un homme – Elle ne connaît pas son père. Qui est-il? L’instance lectrice se pose des questions et elle en vient à penser que Nora s’est fait violer au couvent et qu’elle s’est réfugiée dans le bois à la suite de ce drame. Ellen découvre un homme blessé et elle essaye de s’en occuper. Sa mère finit par le tuer, car elle ne fait confiance à aucun homme.
- 1940 – L’effondrement – Citation de Gabriel Robichaud – Nelly Foley est albinos et son frère, Frank Foley, apparaît comme un homme violent et il l’appelle Blanche. Ce dernier a frappé sa mère durant une période de temps et Nelly ressentait de la honte, car elle se sauvait pendant les crises de violence de son frère. Son père disait qu’il fallait tuer les coléoptères car les insectes étaient les vecteurs de la guigne. Son frère porte une jambe de bois pour se déplacer. Nelly cuisine du toffee pudding, du caramel pour Cinq-Cennes, le gueux du village, qui dort dans un coin de la maison. Nelly, alors qu’elle souhaite être bonne, brûle la jambe de bois de son frère alors qu’il est étendu saoul sur son lit. Ensuite, elle le tue. Sa violence témoigne d’un désir de retrouver l’innocence première, la blancheur, la pureté. Elle aspire peut-être à effacer toute trace de violence. À la fin, elle mentionne qu’elle doit protéger la fragilité de sa maison, comme une louve.
- 1963 – L’effacement – citation de Joseph Yvon Thériault sur la mémoire – Deux adolescentes de 13 ans – Clara et Eveline Foley – connaissent la violence de l’homme alors qu’elles souhaitent s’émanciper en portant des shorts. Un homme essaye de violer Eveline. Par la suite, Eveline vient se réfugier chez Clara pour lui annoncer qu’elle va devoir la quitter pour suivre son père qui désire s’établir aux États-Unis. Elles vont alors se cacher dans un camp dans le bois et ce dernier est recouvert de coléoptères épinglés.
- 2019 – Pas de thème – Citation abordant le trauma – Irlande – famine- Laura quitte Philadelphie pour aller au Nouveau-Brunswick durant un an sur l’île de Miscou (petite île pourpre) pour étudier la digestion de la Sarracenia purpurea. Elle s’est révoltée contre la misogynie de son professeur qui dit que c’est compliqué d’embaucher des femmes (congé de maternité et après, elles ne veulent plus travailler). Par le biais de ce retour à l’île, Laura va en apprendre davantage sur ses ancêtres. C’est un retour aux sources qui semble alors être amorcé.
Mes impressions
J’ai beaucoup aimé ce livre surtout pour l’écriture de l’autrice. Elle possède une plume poétique et ses phrases sont courtes, vivantes, remplies de rythme, ce qui crée chez l’instance lectrice un sentiment où le rythme de l’action l’amène rapidement adopter le point de vue de la narration, à plonger dans l’âme de cette dernière. Voici un extrait que je lis pour vous. Je l’ai trouvé magnifique.
De plus, dans ce livre, voici les thèmes abordés :
- L’exil/l’immigration
- Les femmes et leur émancipation
- La religion
- La misère
- La filiation
- La puissance de la nature
- L’alcoolisme
- Le déterminisme (présence des citations en exergue)
- La violence des hommes
- L’incommunicabilité entre les hommes et les femmes
- La haine des Anglais
- Les pommes de terre et le coléoptère
- La Sarracenia purpurea
Je vous recommande ce merveilleux livre. Il se lit facilement comme de petites nouvelles. Je vais certainement plonger dans Les filles de l’Allemand et dans Quelque chose comme une odeur de printemps d’Annie-Claude Thériault. Il y a de si beaux livres québécois! À vous de les découvrir!
Avez-vous lu ce bouquin? Il vous tente?
Bien à vous,
Madame lit
Annie-Claude Thériault. Éditions Marchand de feuilles. 2019. 290 p.
ISBN : 978-2-923896-97-7
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Très tentant, en effet 🙂 Je viens de lire la quatrième de « Les filles de l’Allemand » – il a l’air très bien aussi !
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Oui et en plus, cette autrice possède une tres belle plume. un coup de ❤️! Merci Eva!
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Je ne suis pas sûre que ce sujet me plaira, mais l’écriture de l’autrice est très séduisante et je vais jeter un oeil à ses autres romans.
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Merci Sacha! 🙂
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Je ne suis pas sûre que j’ai envie de cette lecture pour le moment. Par contre, l’écriture semble belle. Merci!
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Merci à toi et l’écriture est vraiment magnifique!
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