Madame lit Peuple de verre de Catherine Leroux

Catherine Leroux – Peuple de verre
« J’ai pensé à un peuple de verre, à une ville de coton, mille vertèbres écrasées par le poids de l’hiver, mille vies étranglées. » (p. 86)
Chère lectrice, Cher lecteur,
J’ai demandé aux Éditions Alto si je pouvais recevoir Peuple de verre (2024) de Catherine Leroux en service de presse, car j’avais bien aimé son livre Madame Victoria et je voulais renouer avec la plume de cette autrice québécoise. Par ailleurs, je tiens à remercier les Éditions Alto pour ce livre qui m’a été offert en tant que sublime passe-temps.
Si vous ne connaissez pas Catherine Leroux, voici l’information présentée sur le site Web d’Alto :
« Catherine Leroux est une romancière, scénariste, traductrice et éditrice née en 1979. Son roman Le mur mitoyen, paru en 2013, a été couronné du prix France-Québec, et sa version anglaise a été en lice pour le prix Scotiabank Giller. Publié en 2015, Madame Victoria a remporté le prix Adrienne-Choquette. L’avenir, paru en 2020, a reçu le prix Jacques-Brossard, et sa version anglaise a été mise à l’honneur au concours Canada Reads. Catherine Leroux a par ailleurs signé plusieurs traductions, dont Nous qui n’étions rien de Madeleine Thien, pour laquelle elle a reçu un Prix littéraire du Gouverneur général. Elle vit à Montréal.
Traductions : Le saint patron des merveilles, Mark Frutkin | Le coeur à retardement, Andrew Kaufman | Encore plus de superhéros, Andrew Kaufman | Corps conducteurs, Sean Michaels | Les coups de dés, Sean Michaels | Nous qui n’étions rien, Madeleine Thien. »
Peuple de verre
Sidonie, journaliste, épouse, couvre avec ferveur et passion le sujet des gens qui perdent leur loyer, c’est-à-dire qu’elle aborde la crise du logement sévissant à Montréal. Elle est connue dans le milieu journalistique. Pour écrire d’excellents articles, elle est prête à tout, même à l’impossible. Des gens disparaissent, des camps de fortune sont vidés la nuit. Sidonie sait s’entourer de bonnes personnes pour faire éclater la vérité. Mais quelle vérité ? À quel prix ?
Mes impressions
La construction de ce roman d’anticipation apparaît stimulante. D’une part, l’instance lectrice suit Sidonie dans son enquête sur le terrain pour tenter d’élucider le mystère entourant la disparition des « inlogés » et d’autre part, elle peut lire le carnet rédigé par Sidonie alors qu’elle a traversé un miroir et qu’elle vit désormais parmi les « inlogés. » En ce sens, j’ai eu de la difficulté à laisser cette histoire de côté, car j’ai été happée par la trame narrative et par l’ingéniosité du sujet. Dans les grandes villes canadiennes comme Montréal, Toronto, Vancouver, Ottawa, il y a de plus en plus de personnes vivant dans les rues. Les prix des loyers ont augmenté drastiquement et les gens peinent à les payer ou encore à en trouver un. Les personnes âgées sont jetées à la rue au nom d’un capitalisme féroce, les jeunes ne peuvent plus aller étudier car les prix des logements sont inabordables, les familles, avec l’inflation, ne peuvent plus se nourrir et se loger. Quand cela va-t-il s’arrêter ? Quand notre manque d’humanité va-t-il cesser ? Qu’est-ce que la liberté ? Comme Marieke, une collègue de Sidonie, lui fait remarquer :
« Tu devrais recommencer à écrire sur les camps Sidonie. Les gens ont des histoires pas croyables, là-dedans. »
J’avais déjà publié trois textes sur le sujet, et la nette impression d’avoir fait le tour. Elle a insisté : il y avait de plus en plus de monde. Des enfants, des aînés, des gens qui vivaient dans des conditions terribles, directement devant les restaurants quatre étoiles et les condos de luxe. « Et les boutiques de vêtements pour chiens, et les falafels de troisième génération et les comptoirs à crème glacée aux fines herbes bio… » (p. 34)
La plume de Catherine Leroux est directe, sans fioritures pour parler de la détresse humaine. Les thèmes qu’elle aborde sont sombres, mais ils sont d’actualité. Sidonie n’est pas très attachante, mais au fond, elle semble représenter l’être humain de la classe moyenne avec ses défauts, avec ses drames, avec ses faiblesses.
J’ai trouvé très difficile émotionnellement le passage dans lequel Sidonie va découvrir un monde souterrain présentant des gens enfermés dans des cages dans la noirceur. Ils ne sont plus rien.
« Je me suis retrouvée dans une pièce faiblement éclairée, de la taille d’un gymnase. Elle était occupée par une demi-douzaine de rangées de compartiments grillagés. Des cages. C’est ce que j’ai vu en premier, des cages rudimentaires, pas plus hautes qu’un homme debout. Presque rien dedans, une couverture, un seau. L’odeur était forte. Une cinquantaine de personnes étaient enfermées. La plupart étaient assises sur leur couverture, certaines se sont levées en me voyant entrer. Ces gens étaient différents de ceux d’en haut. Ils ne portaient pas de survêtement, leurs cheveux étaient rasés. Beaucoup semblaient malades, physiquement, mentalement, les deux. » (p. 253)
En lisant ces descriptions, j’ai pensé à certains films d’époque où les fous étaient enfermés, tout comme les malades, les femmes, etc.
Je vous recommande certainement ce livre. Je n’oublierai pas de sitôt cette histoire, car elle m’apparaît plus vraie que nature. Je suis encore bouleversée, choquée.
Que pensez-vous des thèmes abordés dans ce récit ? Ils vous touchent ?
Bien à vous,
Madame lit
Catherine Leroux, Québec, Alto, 2024, 282 p.
ISBN : 978-2-89694-648-8
Vous avez remarqué une faute dans mon article? Écrivez-moi à lit.madame@gmail.com et il me fera plaisir de la corriger. Je ne suis pas parfaite… et il m’arrive aussi d’en faire. Merci et bonne lecture!!!
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C’est intéressant de choisir le prisme du logement comme origine d’une situation de crise !
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Mais c’est ce que nous vivons ici… peut-être pas en Europe mais le prix des loyers est devenu inabordable et les jeunes avec les hauts taux d’intérêt, ne peuvent plus acheter une première propriété. Le capitalisme…
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Bonjour Nathalie, le thème du logement et des sans abris me touche beaucoup. À Paris aussi le prix des loyers est devenu énorme et il y a des mendiants à chaque coin de rue. C’est une honte dans des pays riches comme les nôtres. En tout cas ce roman aborde des thèmes originaux ! Merci et bonne journée à toi 🙂
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C’est vrai que c’est une honte pour des pays riches comme les nôtres.
Et ce capitalisme… L’autrice a réussi à traiter de ce thème avec beaucoup de sensibilité. Merci et bonne soirée!
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Plusieurs choses me viennent en tête à la lecture de ta chronique. D’abord, la couverture du roman est magnifique. Ensuite, que ce que Catherine Leroux décrit est une dérive possible… il suffit de voir à certains endroits, certaines grandes villes, certains territoires frontaliers (chez nous, avec les Pays-Bas ou le Luxembourg) ou touristiques par exemple… comme se loger décemment peut être un luxe. Ou rester à l’endroit où on est né… ça doit être très intéressant et pousser à la réflexion. Merci Nathalie, j’en prends note!
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C’est vrai que la couverture est magnifique. J’ai été profondément touchée par cette histoire. Se loger est un besoin essentiel et les riches, au nom d’un capitalisme sauvage, s’en foutent. Notre humanité souffre…
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