« On ne mesure pas l’importance d’une rencontre à sa permanence, mais à son empreinte ». (p.204)
Chère Lectrice, Cher Lecteur,
En juin, pour la rencontre mensuelle de notre Club de lecture, nous avons plongé dans Femme fleuve d’Anaïs Barbeau-Lavalette. Ce roman a été publié aux Éditions Marchand de feuilles en 2022. J’avais hâte de le lire, car j’ai beaucoup aimé les livres suivants de l’autrice : La femme qui fuit et Je voudrais qu’on m’efface. Pour celles et ceux qui sont moins familiers avec la littérature québécoise, voici de l’information sur Anaïs Barbeau-Lavalette.
Anaïs Barbeau-Lavalette
« Anaïs Barbeau-Lavalette est née d’une lignée d’artistes engagés. Son art, qui emprunte plusieurs supports créatifs, représente les luttes et conflits du monde d’un regard toujours tourné vers l’individu et la quête de beauté. Outre quatre longs-métrages de fiction elle a aussi réalisé de nombreux films documentaires. Son roman La femme qui fuit, énorme succès populaire vendu à plus de 100 000 exemplaires au Québec s’est retrouvé dans la liste des meilleurs romans canadiens de la décennie selon Radio-Canada, la liste des dix meilleurs romans québécois de tous les temps selon Esprit critique/Artv, a remporté le Prix des libraires du Québec, le grand prix de la ville de Montréal ainsi que le Prix littéraire France-Québec. »
(Source : Les Éditions Marchand de feuilles)
Femme fleuve
Sur une île, entourée par le majestueux fleuve Saint-Laurent, une autrice souhaite écrire. Elle a laissé derrière elle sa fille et son homme. Cependant, elle rencontre un peintre souhaitant découvrir le bleu du fleuve. Ce dernier chamboule son univers, son inspiration, sa vie, son désir.
Mes impressions
Dès que j’ai lu l’incipit de ce livre, j’ai su que j’allais adorer ma lecture et je ne me suis pas trompée. Le voici :
Je m’enroule à toi, comme le lierre à la souche, comme la pieuvre à sa proie ; je veux te garder près de moi.
Tu as affûté tous mes points d’ancrage au monde. J’étais déjà vivante, pourtant.
Je n’avais pas besoin de toi, mais tu es venu. » (p. 9)
J’ai beaucoup aimé la plume poétique d’Anaïs Barbeau-Lavalette, à l’image d’une vague du Saint-Laurent fracassant un rocher. Elle s’avère puissante, belle et frappante. Elle va droit au cœur. De plus, il est rare de trouver dans la littérature un personnage féminin assumant totalement son désir. Je trouve que ce personnage rend hommage à la femme dans ce qu’elle possède de plus profond et qui conditionne une grande partie de son identité : son désir.
« J’ai appris à être désiré trop petite. J’ai appris à être désirante trop tard. » (p. 17)
Ce désir, il colle à la peau, il enflamme le récit. C’est tout sauf dérangeant.
Par ailleurs, comme je suis née dans la région de Charlevoix et que je suis une insulaire, toutes les mentions concernant le Fleuve Saint-Laurent m’ont énormément parlé. Il importe d’écrire sur notre majestueux fleuve pour lui rendre hommage, pour le magnifier, pour le connaître. Par exemple, saviez-vous que le Saint-Laurent est en train d’étouffer ? Comme il est mentionné dans le livre :
« Narcisse observe la réaction de ses algues à l’hypoxie. C’est un joli mot, comme un métal précieux. Il désigne l’asphyxie du fleuve, qui se vide de son oxygène. Ce qui y vivait se meurt maintenant, ou se déplace en attendant. » (p. 82)
Je crois que ce livre a fortement résonné en moi à cause de mon vécu de Charlevoisienne. D’ailleurs, Charlevoix possède son propre bleu découvert par le grand-père de l’autrice, le peintre Marcel Barbeau. La couleur bleue apparaît partout dans le livre. Elle colore le temps des personnages, elle trace leur parcours. Le fleuve s’avère une source d’inspiration pour la narratrice tout comme pour le peintre. Les deux vont plonger dans ce dernier pour laisser libre cours à leur désir.
« Mon cahier reste déplié comme un corps offert, il attend que j’y couche mes mots. Je voudrais écrire le fleuve mais c’est toi qui m’absorbes. » (p. 44)
Ils sont habités du « sentiment océanique » (p. 188).
Aussi, dans ce livre, il est surtout question d’une rencontre. Celle qui marque l’imaginaire à tout jamais, celle qui fait en sorte que parfois, nous vivons dans deux univers parallèles. Cet homme ou cette femme évolue avec soi. Elle sommeille quelque part en nous et nous permet de vieillir accompagné.
« Il ne s’agit pas d’un coup de foudre. Il s’agit d’une rencontre. Elle ne s’explique pas ; elle est une texture poétique qui s’empare de nos corps. » (p. 28)
Dans ce roman, les thèmes de la vie, de la mort avec des mythes comme celui de Narcisse, d’Orphée et Euridyce, font partie intégrante de ce dernier.
Je ne peux que vous recommander ce livre qui est comme vous l’aurez compris, une lecture coup de poing.
Je vous recommande de lire Femme fleuve si :
- Vous aimez les héroïnes fortes qui assument leurs désirs ;
- Vous aimez l’écriture poétique ;
- Vous aimez le fleuve Saint-Laurent.
Avez-vous lu Femme fleuve ? Connaissez-vous la plume d’Anaïs Barbeau-Lavalette ?
Bien à vous,
Madame lit
Anaïs Barbeau-Lavalette, Montréal, Marchand de feuilles, 2022, 251 p.
ISBN : 978-2-925059-22-6
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Un très beau billet, Nathalie! J’ignorais que le St Laurent étouffait mais ce n’est pas très surprenant au vu du reste de notre environnement. Quelle tristesse !
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Oui… une tristesse terrible. Merci à toi.
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On ressent dans ta chronique comme tu as été imprégnée de cette lecture. Ton retour donne envie de découvrir ce roman qui semble aussi intense que poétique. Merci Nathalie!
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Le terme intense résume bien cette lecture. Merci à toi! C’est un excellent livre québécois.
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