Madame lit Le Mur invisible de Marlen Haushofer

Dans le passé, les circonstances de la vie m’avaient souvent forcée à mentir, mais je n’avais plus aucune raison ni aucune excuse pour continuer à le faire. Je ne vivais plus au milieu des hommes. » (p. 308)
Chère Lectrice, Cher Lecteur,
J’ai décidé de lire Le Mur invisible de Marlen Haushofer, car j’avais lu une très belle chronique sur ce bouquin sur le site Des livres dans la lune. J’ai fait lire aussi ce livre aux membres de mon club de lecture pour septembre 2025 (c’était notre dernière rencontre, car le groupe n’est plus fonctionnel). Ce roman a été publié pour la première fois en 1968.
Le Mur invisible
En voulant se préparer à une éventuelle guerre atomique, le mari de la cousine de la narratrice a stocké dans son chalet des denrées alimentaires et autres objets nécessaires à la survie. La narratrice se réveille un matin où elle est venue en compagnie du couple passer du temps en famille. Elle cherche sa cousine et son époux mais, il n’y a plus personne autour d’elle, si ce n’est que le chien Lynx, un braque de Bavière. En marchant dans la forêt autrichienne, elle découvre la présence d’un mur invisible l’empêchant de se rendre au-delà. Elle retourne alors dans le chalet en compagnie du chien et elle va apprendre à survivre aux saisons. C’est son journal que le lecteur lit. La narratrice relate d’une façon détaillée les deux premières années de sa survie.
Mes impressions
Pour moi, ce livre se veut un renversement de l’ordre établi. La narratrice passe d’un système patriarcal à un matriarcal. C’est elle qui impose l’ordre des choses. Elle ne pense qu’à survivre. Pour ce faire, elle va apprendre à s’occuper d’une vache, à planter des légumes (patates et fèves), à faucher, à apprivoiser la solitude, à nourrir son chien et sa chatte, à vivre selon une autre temporalité, etc. Elle va se libérer d’un poids, celui de la société patriarcale. Le symbole de l’auto s’avère assez puissant dans le récit. Les autos et autres éléments de la société patriarcale sont rejetés au profit d’un autre ordre. Comme le mentionne la narratrice :
« Ici dans la forêt, je me trouve enfin à la place qui me convient. Je n’en veux plus aux fabricants d’autos, ils ont depuis longtemps perdu tout intérêt. Mais comme ils m’ont torturée avec des choses qui me répugnaient ! Je n’avais que cette petite vie et ils ne m’ont pas laissée vivre en paix. Maintenant que les hommes n’existent plus, les conduites de gaz, les centrales électriques et les oléoducs montrent leur vrai visage lamentable. On en avait fait des Dieux au lieu de s’en servir comme d’objets d’usage. » (p. 258-259)
L’instance lectrice réalise que la narratrice vit désormais pleinement et beaucoup plus heureuse qu’auparavant dans la société des hommes.
En tuant à la toute fin l’homme armé d’un fusil (cela la renvoie à la violence de la société des hommes), elle s’en libère encore une fois pleinement.
D’ailleurs, Radio-Canada n’hésite pas à dire que ce livre est écoféministe puisqu’il exploite la connexion d’une femme à la nature. Cette dernière respecte la nature, les animaux, les oiseaux, la terre nourricière, etc. Par exemple, l’héroïne en étant détachée des structures patriarcales, apprivoise sa solitude et reconnecte avec des valeurs plus naturelles, comme les animaux, l’instant présent, la lenteur.
« Je ne cherchais plus un sens capable de me rendre la vie plus supportable. Une telle exigence me paraissait démesurée. Les hommes avaient joué leurs propres jeux qui s’étaient presque toujours mal terminés. De quoi aurais-je pu me plaindre ; j’étais une des leurs et il m’était impossible de les condamner, je les comprenais trop bien. Mieux valait ne plus penser aux hommes. Le jeu du soleil, de la lune et des étoiles, lui, semblait avoir réussi ; il est vrai qu’il n’avait pas été inventé par les hommes. » (p. 244)
En tous les cas, il y aurait encore beaucoup à dire sur ce livre qui m’apparaît comme un chef d’œuvre. Je le recommande si :
- Si vous aimez les dystopies
- Si vous appréciez la lenteur dans un récit
- Si vous voulez découvrir le journal de cette femme lumineuse
Avez-vous lu Le Mur invisible ?
Pour lire une autre chronique sur ce dernier, cliquez sur Mokamilla.
Bien à vous,
Madame lit
Haushofer Marlen, traduit de l’allemand par Liselotte Bodo et Jacqueline Chambon, Paris, Actes Sud, 1992, 346 p.
ISBN : 978-2-8686-9832-2
Vous avez remarqué une faute dans mon article? Écrivez-moi à lit.madame@gmail.com et il me fera plaisir de la corriger. Je ne suis pas parfaite… et il m’arrive aussi d’en faire. Merci et bonne lecture!!!
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Je ne l’ai pas lu mais en entends pas mal parler, tu me confirmes que je dois absolument le lire. Merci pour cette chronique✨🙏🏻
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J’espère que tu aimeras cette histoire autant que moi! Bonne lecture! Merci! 🙏🏻
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Bonjour Nathalie, j’aime bien ce que tu écris sur ce roman et le fait que ce soit une dystopie. Je note ce titre pour éventuellement de futures feuilles allemandes de novembre. Merci pour cette suggestion de lecture 🙏😊 Belle journée à toi 🌞🍂🍁🌈📚🤩
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Je crois que tu apprécierais ce roman malgré sa lenteur. Il faut le noter car c’est vraiment intéressant. Bonne semaine!!! 🌞📖🌻
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Comme toi j’ai adoré ce texte, y compris ses lenteurs…
Ingannmic (https://bookin-ingannmic.blogspot.com/)
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Je suis heureuse de l’apprendre! 👌Merci!
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Je ne l’ai pas encore lu, mais il m’intrigue. J’ai appris qu’il est au programme des prépas scientifiques cette année. Sachant qu’elles sont largement occupées par des garçons, c’est une très bonne chose d’ouvrir ces classes à l’écoféminisme.
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Je ne savais pas que ce livre allait au programme. C’est intéressant. Oui, c’est un livre intriguant et fascinant. Il mérite d’être découvert. Merci!
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