Chère lectrice, Cher lecteur,
Si tu passes la rivière est le premier livre de Geneviève Damas. Les Éditions Luce Wilquin ont fait paraître le bouquin en 2011 et l’écrivaine a reçu le Prix Rossell et le Prix des cinq continents pour ce dernier. Que raconte ce récit? François Sorrente, un adolescent illettré de dix-sept ans, s’occupe des cochons de la ferme familiale. Il vit en compagnie de son père et de ses deux frères. Son père lui interdit formellement de traverser la rivière située à proximité de leur demeure comme l’a fait sa sœur Maryse. Il trouve auprès du curé du village, Roger, la force d’apprendre à lire et à plonger dans des histoires qu’il raconte ensuite à sa truie Hyménée. Grâce au pouvoir des mots, François réussira à élucider le mystère entourant sa naissance et le départ de sa sœur.
Dès le début, le lecteur est plongé dans une atmosphère assujettie à la misère, à la violence et au secret. Pourquoi le père interdit-il à François de traverser la rivière? Pourquoi Maryse a-t-elle quitté la ferme? Qu’est-il arrivé à la mère de François?
Personne chez nous n’avait jamais filé de l’autre côté. Sauf Maryse mais ça, c’était il y a longtemps et le père, il en avait tellement hurlé des jours et des jours qu’on n’en parlait plus jamais comme si elle n’avait jamais existé, Maryse, par crainte des taloches qui vous laissent le dos broyé pendant des semaines. (p. 12)
François entreprend une quête identitaire. Il souhaite comprendre le secret entourant la disparition des femmes de la ferme. Il est rempli d’amour pour Maryse, celle qui a été une mère pour lui.
[…] je restais là, petit et bête, à regarder ma sœur au milieu de l’eau, qui s’éloignait à chaque pas et je ne savais dire que «Maryse, Maryse» parce que peut-être c’est comme ça dans la vie quand elle vous enlève ce qu’elle vous a donné de plus beau, il n’y a rien à dire qu’à laisser la rivière couler. (p. 14)
La tension dramatique s’avère puissante tout au long de la lecture grâce à ce mystère se dégageant de la rivière. Le thème de l’eau apparaît dominant pour peut-être contrer le cœur aride des autres hommes du récit. La rivière libère, efface, guide. Elle est vivante, éveille les sens et permet à François d’avoir le goût de traverser le mal pour connaître un peu d’espoir.
Aussi, François, en tant que narrateur, est très attachant car le lecteur l’accompagne dans son apprentissage de la lecture, dans son désir de comprendre le sort des siens. Il est un peu attardé ce qui a fait en sorte que je l’ai trouvé très touchant. Roger dit qu’il préfère la compagnie des personnes comme lui, celles qui ont du vent dans la tête puisqu’elles sont vraies. En ce sens, j’ai bien apprécié cette sincérité émanant de cet être. Comme il le mentionne sur l’amitié :
Là, j’ai pensé que sa question était crétine, mais j’ai vu son visage tout blanc qui s’en revenait du vert, alors j’ai fait mon doux avec Roger. Parce que c’était mon ami, et les amis dans ce monde, il faut bien les soigner vu que tu ne sais jamais jusqu’à quand ça peut te durer la vie autant que ça dure longtemps. (p. 54)
Je vous recommande sans hésitation de plonger dans ce roman initiatique afin d’escorter un personnage vrai dans la découverte de son identité et pour peut-être le voir traverser la rivière… C’est une envolée sous le signe de l’émotion. C’est beau, c’est immense, comme le chant de la rivière.
C’était ma troisième lecture belge pour ce mois dédié à la littérature de ce coin du monde pour mon défi littéraire.
Avez-vous déjà lu un roman de Geneviève Damas? Que pensez-vous de ce billet?
Bien à vous,
Madame lit
DAMAS, Geneviève, Si tu passes la rivière, Union européenne, Éditions Luce Wilquin, 2011, 114 p.
C’est le second roman de cette écrivaine que je lis. J’avais beaucoup aimé Patricia dont tu as parlé et celui-là est aussi magnifique. Ce que je retiens de ton papier c’est ce thème de l’eau pour peut-être contrer le coeur aride des autres hommes du récit. Un roman à lire avec empressement!
Encore une fois merci car avec ton défi littéraire tu nous lances au coeur de l’oeuvre d’une écrivaine merveilleuse!
J’aimeAimé par 1 personne
Un sublime roman… Je trouve la plume de cette écrivaine magnifique . Une perle dans cette mer littéraire! Je partage ton opinion sur ce défi qui nous fait découvrir des écrivaines et des écrivains extraordinaires! Merci et au plaisir!
J’aimeJ’aime
Un jour sûrement… plus encore que Patricia, je dirais.
J’aimeAimé par 1 personne
Les deux sont très différents. Je les recommande!
J’aimeJ’aime
Merci pour cette belle présentation…
J’aimeAimé par 1 personne
Au plaisir!
J’aimeAimé par 1 personne
Décidément, cette auteure est à découvrir, même si l’ambiance de ce livre a l’air plutôt glauque, j’en aime beaucoup le ton au vu de tes extraits.
J’aimeAimé par 1 personne
L’ambiance est effectivement glauque… une écrivaine à découvrir! J’ai été agréablement surprise.
J’aimeJ’aime
Quel coup de coeur, ce roman !
J’aimeAimé par 1 personne
Oui. Une très belle découverte!
J’aimeJ’aime
Quel bonheur que ce récit poétique, malgré la dureté des mots et des situations. Une belle langue, maîtrisée et évolutive, pour ce roman d’apprentissage, une écriture soignée où abondent les métaphores finement ciselées.
J’aimeAimé par 1 personne
Je suis vraiment contente d’avoir découvert la plume de Geneviève Damas. Quel talent! Je partage votre opinion entièrement. Au plaisir et merci!
J’aimeJ’aime