Madame lit Les Dernières déesses de Kateřina Tučková
«D’une façon ou d’une autre ça devait se terminer par un malheur. Parce que sa mère elle aussi était une déesse et que les déesses n’ont pas le destin facile.» (p. 11)
Chère lectrice, Cher lecteur,
J’ai demandé de recevoir en service de presse le livre de Kateřina Tučková, Les Dernières déesses, car j’ai été très intriguée d’apprendre que l’autrice s’était basée sur des faits réels pour rédiger son récit. Je trouve cette autrice tchèque vraiment fascinante car à travers ses livres, elle tente de partager avec son lectorat l’Histoire souvent oubliée de certaines femmes de son coin du monde. Dans celui-ci, elle voulait faire connaître l’incroyable destinée de ces femmes appelées «déesses» vivant dans les hauteurs des Carpates blanches en République tchèque qui ont soigné des corps et des esprits durant des décennies et qui ont disparu avec les Communistes qui les jugeaient trop dérangeantes. Intriguant non?
Tout d’abord, qui est Kateřina Tučková?
Le site Web de la maison d’édition Charleston mentionne à propos de cette autrice, lauréate du prix national de littérature tchèque :
«Diplômée en histoire de l’art et en littérature, Kateřina Tučková est une autrice et commissaire d’exposition tchèque. Lauréat de plusieurs prix littéraires tchèques prestigieux, Les Dernières Déesses a été vendu à plus de 170 000 exemplaires en République tchèque et a été traduit en 20 langues. »
Les Dernières déesses, Prix national de littérature tchèque 2022
Dora Idesová est une étudiante en ethnographie qui par le biais de son travail scientifique tente de mette en lumière le savoir et le savoir-faire des déesses de Moravské kopanice sur plusieurs générations. Pour ce faire, elle se lance dans une enquête méticuleuse à la fois sur le terrain et dans les archives et elle va connaître la véritable chasse entourant ces femmes qui bien souvent n’étaient pas au courant des jeux du pouvoir politique gravitant autour d’elles. Ainsi, Dora lira des documents sur des procès de sorcellerie remontant au XVIIe siècle ou encore des fichiers nazis. Ces derniers scrutaient à la loupe les activités des déesses, surtout celles de sa tante Surmena. Dora est-elle la dernière déesse? Réussira-t-elle à rédiger sa thèse et à réhabiliter la réputation des déesses?
Mes impressions
Je dois avouer tout de suite que j’ai beaucoup aimé ce livre… Pourquoi? Parce qu’il allie réel et fiction à travers le destin fantastique de femmes qui ont marqué l’Histoire. D’ailleurs, en faisant des recherches sur le bouquin, j’ai lu ce commentaire de l’autrice :
«Ce livre se base sur des faits réels : j’ai passé trois années à faire des recherches sur les événements autour des déesses de Žítková, cela tout en rédigeant le roman. J’ai fait figurer dans ce livre de nombreux passages des vies de différentes générations de déesses, de façon à former un cadre qui culminerait en apogée. Ma priorité, c’était une adaptation romancée ; cependant, j’y ai fait figurer des éléments, des passages et des événements dénichés dans les documents d’archives ou que m’ont racontés des témoins de l’époque, qui se souvenaient encore de l’activité des déesses de cette région des Carpates blanches appelée Moravské kopanice.»
D’ailleurs, aujourd’hui, grâce à ce livre, des visiteuses et des visiteurs se rendent sur les lieux décrits dans le récit. J’ai même découvert que des Canadiennes et des Canadiens y sont allés. Comme il est mentionné sur le site Web des Livres tchèques incontournables :
«Petr Mizera et son épouse sont propriétaires de la maison qui appartenait à la dernière des déesses du village de Žítková en activité, Irma Gabrhelová. Après l’avoir rénovée en respectant autant que possible son « esprit original », ils en ont fait un musée, dans lequel ils proposent des visites guidées à des curieux du monde entier.»
Je trouve tout cela vraiment intéressant et je suis d’autant plus heureuse d’avoir lu ce récit fort intelligent qui allie divers procédés stylistiques pour que l’instance lectrice colle pièce après pièce les morceaux d’une immense toile pour aborder ces déesses qui cherchaient pour la plupart à faire le bien. D’ailleurs, l’autrice mentionne des personnes s’étant déjà intéressées au destin des déesses des Carpates blanches comme le prêtre Josef Hofer dont les travaux remontent au début du vingtième siècle ou encore ceux du journaliste Jiří Jilík. Il y a même dans ce livre des retranscriptions des procès des sorcières du XVIIe siècle.
Vous avez envie de plonger dans un livre qui sort de l’ordinaire? Je vous le dis, ce roman n’est pas un roman d’amour… non. Il raconte par le biais d’une héroïne curieuse qui n’a pas froid aux yeux l’histoire de guérisseuses aux traditions ancestrales particulières. Dora veut surtout les innocenter car selon certaines archives, elles auraient collaboré avec les nazis.
«Des dizaines de générations de dépositaires d’un savoir ancien ont survécu à l’avènement du christianisme, à la chasse aux sorcières du début de la Renaissance, à l’acharnement des prêtres et de la justice locale, aux enquêtes des commandos S.S. , et au final, elles sont liquidées par les bolcheviques. » (p. 464)
Lisez ce livre étonnant, intelligent, qui va me hanter encore longtemps…
Je tiens par le biais de cet article à remercier la maison d’édition pour cet envoi en service de presse.
Aviez-vous entendu parler de Kateřina Tučková ? De mon côté, je vais certainement lire ses autres romans.
Bien à vous,
Madame lit
Tučková, K. (2023). Les Dernières déesses, traduit du tchèque par E. Antolin. Éditions Charleston, Les ailleurs.
ISBN : 978-2-36812-936-4
Vous avez remarqué une faute dans mon article? Écrivez-moi à lit.madame@gmail.com et il me fera plaisir de la corriger. Je ne suis pas parfaite… et il m’arrive aussi d’en faire. Merci et bonne lecture!!!
<script id="9782368129364" src="https://www.leslibraires.ca/api/embedproduct.js?isbn=9782368129364&type=book&configuration=71&a=662"></script>


Quel magnifique article que celui-ci. Ce qui m’intéresse le plus dans ton article c’est le lien entre le réel et la fiction. Un livre de plus dans ma Pal…
J’aimeAimé par 1 personne
Je suis contente si ce livre se retrouve dans ta PAL. Bonne lecture et merci pour ton commentaire!
J’aimeJ’aime
J’avais repéré sa magnifique couverture et son sujet intéressant. Il ne manquait plus qu’un premier avis pour me convaincre de l’ajouter dans ma PAL. C’est maintenant chose faite 😀
J’aimeAimé par 1 personne
J’ai hâte de lire alors tes impressions sur ce dernier. Et c’est vrai que la couverture est très belle! Merci!
J’aimeJ’aime
Olala, déjà titre et couverture m’avaient attirés, mais ton article me charme d’autant plus ! Merci pour cette belle découverte !
J’aimeAimé par 1 personne
J’espère qu’il te plaira si jamais tu le lis! Merci!
J’aimeAimé par 1 personne
merci !
J’aimeAimé par 1 personne
Cette auteure, je ne la connais pas mais la façon dont tu en parles donne envie de la découvrir, ainsi que son œuvre. Ce livre a l’air vraiment bien!
J’aimeAimé par 1 personne
Oui. C’est vraiment une bonne histoire et la forme est vraiment originale. Merci!
J’aimeAimé par 1 personne
Magnifique article que je découvre seulement aujourd’hui. C’est une autrice très connue en République Tchèque en effet, et je suis extrêmement heureux de voir que ce livre a été traduit en français, en espérant que ça en annonce d’autres. Tu lui fais vraiment honneur dans ce billet qui va sans nul doute donner envie à d’autres lectrices et lecteurs de le découvrir ! J’avais beaucoup aimé son livre précédent (non traduit en français), « L’expulsion de Gerta Schnirch » sur fond d’événement historique majeur dans la Tchécoslovaquie d’après-guerre : l’expulsion des Allemands qui peuplaient le pays.
J’aimeAimé par 1 personne
Merci Patrice pour toutes ces informations. J’ai beaucoup aimé la recherche historique de ce livre. C’est vraiment passionnant. J’espère qu’il y aura d’autres livres traduits en français de cette autrice car j’aimerais poursuivre ma découverte de son univers. Je ne savais pas que tu avais lu un de ses livres. J’espère que les lectrices et les lecteurs plongeront dans ce roman car il mérite d’être lu.
J’aimeJ’aime