Madame lit Secrets de couvent ; Murielle de Diane Daniel
« C’est au prix de deuils répétés que Murielle s’est construite. Combien de femmes comme sa mère, soumises à une dictature religieuse, y ont laissé leur peau et leurs enfants… »
Chère Lectrice, Cher Lecteur,
L’autrice de Secrets de couvent ; Murielle m’a fait parvenir un courriel afin de m’inciter à lire son roman historique et à en parler sur mon blogue. Habituellement, je ne transige qu’avec des attaché-e-s de presse, mais toujours est-il que j’ai accepté de lire son bouquin. Par le biais de cet article, je remercie Diane Daniel de m’avoir fait parvenir une copie de son livre. Comme j’ai à coeur la littérature québécoise, je souhaite parfois découvrir de nouvelles autrices ou de nouveaux auteurs. Par ailleurs, l’autrice m’a mentionné qu’elle avait consacré 10 années à la recherche pour écrire son bouquin. Elle s’est basée uniquement sur des faits vécus pour la rédaction Secrets de couvent ; Murielle.
Tout d’abord, qui est Diane Daniel ?
Selon le communiqué de presse du roman, il est mentionné :
« Diane Daniel a éprouvé l’envie de jeter sur papier sa passion de toujours de l’histoire des femmes québécoises. Dans ce livre, elle met en exergue les pressions abusives de l’Église catholique qui dirigeait au doigt et à l’oeil la vie des femmes et des familles. À l’ère de tant de dénonciations, elle soulève, à travers ce roman historique inspirés de faits véridiques, un autre pan du tapis… Quelques publications à son actif, parues sous Les Éditions de l’Homme, sur le développement de la petite enfance reflètent sa formation et ses expériences professionnelles en éducation, psychologie et sociologie. »
Secrets de couvent ; Murielle
En donnant naissance à Murielle, Angélique meurt. Elle laisse 9 enfants dans le deuil ainsi que son époux. Murielle va vivre chez ses grands-parents paternels qui vont l’élever dans l’amour jusqu’à leurs morts. Sa sœur, Annette, prend bien soin d’elle aussi. Lorsqu’elle devient à nouveau orpheline, Murielle doit se rendre au couvent pour y recevoir une bonne éducation. Elle y restera jusqu’à la fin de ses études. À sa sortie, elle se rend au presbytère où vit sa tante Annette qui est devenue la ménagère du curé dont elle est tombée amoureuse il y a plusieurs années. Murielle, tant qu’à elle, tombe sous le charme d’un beau vicaire venu au presbytère parfaire ses compétences auprès du curé. Le vicaire tombera-t-il amoureux de Murielle ? Quel sort réserve-t-on aux femmes aimant des prêtres ? Et si Murielle devait retourner vivre dans un couvent où il est question d’enfants retirés à des mères célibataires ?
Mes impressions
Je dois d’emblée parler de la force de ce livre qui est reliée aux faits historiques tributaires malheureusement de l’Histoire québécoise et du clergé. Ainsi, ce sont, comme il est cité dans le livre dès l’exergue, que j’ai présenté en haut de cet article, des femmes soumises à la loi du clergé qui ont connu un sort terrible. Par exemple, les femmes québécoises avaient un taux de fécondité élevé jusqu’à environ 1960. Elles devaient écouter les recommandations de l’Église catholique et ne pas enfreindre leurs devoirs de doter l’État de plusieurs canadiens-français. Par ailleurs, l’Église s’assurait d’avoir un nombre élevé de fidèles.
« Après l’avoir sermonné pendant sa confession du jeudi saint, l’accusant de manquer à ses devoirs de femme et d’empêcher la famille, il la menaça de la peine éternelle. C’est à travers le grillage du confessionnal et des vers épais de ses lunettes qu’Armand Desautel transperça le regard d’Angélique et lui flagella le coeur en lui refusant l’absolution ». ( p. 16 )
Je me rappelle d’avoir entendu ma grand-mère maternelle, qui a accouché de 11 enfants dont 10 ont survécu, me raconter les visites paroissiales à domicile du curé. Elle me parlait de ce qu’il lui disait par rapport à ses devoirs de chrétienne…
Mais encore, ce livre met l’accent sur une autre atrocité commise par les prêtres catholiques, c’est-à-dire qu’ils faisaient signer, en collaboration avec les sœurs, un document pour que les mères célibataires renoncent légalement à leurs enfants et que ces derniers soient confiés à l’adoption.
« Il n’existe pas de données officielles indiquant le nombre de femmes célibataires qui ont été contraintes de donner leur bébé en adoption. Cependant, les données historiques de Statistique Canada révèlent que, pendant la période de 1945 à 1971, près de 600 000 nourrissons sont nés de mères non mariées et furent considérés de ‘’naissance illégitime ’’. Le gouvernement canadien finançait les endroits où les mères célibataires allaient accoucher en secret. » ( p. 244 )
Le personnage de Murielle va lutter contre la Loi de l’adoption avant 1969. Et il est à noter comme le présente le livre :
« Jusqu’à la réforme du Code civil Bas-Canadien en 1970, l’enfant ‘’illégitime’’ est un être juridiquement insolite…. Et il n’appartient à personne, il est à tout le monde… Rien n’empêchait, au point de vue légal, pour quiconque, de prendre cet enfant et de le confier à n’importe qui. » (p. 241)
Je remercie l’autrice d’avoir mis cet élément caché de notre Histoire collective en lumière. Je trouve honteuses, abominables ces adoptions forcées. Le gouvernement canadien doit, à mon humble avis, reconnaître ses torts tout comme l’Église catholique. Que de victimes sacrifiées sur l’autel du pouvoir!
Je vous recommande de lire ce roman si :
- Vous aimez en apprendre davantage sur l’Histoire québécoise
- Vous voulez lire un récit mettant en scène des femmes victimes de la cruauté de l’Église catholique
- Vous voulez découvrir des personnages prêtres avec un cœur
Ce roman pourrait se glisser dans votre panier d’achat pour l’événement Le 12 août, j’achète un, deux ou trois romans québécois.
Connaissiez-vous ces faits concernant les adoptions forcées ? Moi, non.
Bien à vous,
Madame lit
Diane Daniel, Lanoraie, Les Éditions de l’Apothéose, 2024, 247 p.
ISBN : 978-2-89775-895-0
Vous avez remarqué une faute dans mon article? Écrivez-moi à lit.madame@gmail.com et il me fera plaisir de la corriger. Je ne suis pas parfaite… et il m’arrive aussi d’en faire. Merci et bonne lecture!!!
Cet article contient des liens d’affiliation grâce à un partenariat avec la coopérative des Librairies indépendantes du Québec. Vous pouvez commander Secrets de couvent ; Murielle de Diane Daniel par le biais du site Web des Libraires grâce à un lien sécurisé. Je recevrai ainsi une petite redevance qui ne vous coûtera rien.



Je trouve ton article vraiment intéressant. Je n’avais que très peu d’informations sur le sujet que tu abordes. Que de secrets et j’ai le goût de lire ce roman.
J’aimeAimé par 1 personne
Tu l’aimerais beaucoup… bonne lecture!
J’aimeJ’aime
C’est un phénomène qui a eu lieu en Belgique également, côté flamand principalement. Ça a été révélé en 2014, et depuis, pour résumer très fort, il y a eu excuses de l’Eglise et en 2023, au Parlement flamand, un amendement qui reconnaît les victimes d’adoptions forcées comme victimes de la traite des êtres humains.
J’aimeAimé par 1 personne
Alors, les Flamandes ont eu gain de cause. Bravo! Comme tu l’as constaté, ici, il n’en est rien. Cela a été une traite d’êtres humains. Vraiment, je suis sans mot…devant tant de drames…
J’aimeAimé par 1 personne
Ann vous verrez dans le livre Secrets de couvent-Murielle qu’une commission d’enquête a été menée et que des excuses ont été exigés du gouvernement canadien à l’égard des femmes et des enfants qui ont subi des préjudices. Jamais aucune excuse n’a été offerte!
J’aimeAimé par 1 personne
C’est profondément regrettable…
J’aimeAimé par 1 personne
Un gros merci! Contente que ça vous ait plu. Je souhaite que ce pan de l’histoire des femmes soit connue afin de leurs rendre hommage! Merci vraiment
Diane Daniel
J’aimeAimé par 1 personne
Au plaisir! Il ne faut jamais cesser de parler du chemin parcouru par les femmes. Nos ancêtres québécoises ont beaucoup de mérite…
J’aimeJ’aime
J’ignorais que ces adoptions forcées avaient été pratiquées au Canada et en Belgique, mais cela me fait penser aux scandales qui ont éclaté en Irlande à ce sujet il y a déjà pas mal d’années. Je recommande le livre « Ce genre de petites choses » de Claire Keegan sur le sujet même si c’est par des films que j’en ai entendu parler (Magdalene Sisters, Philomène) la première fois. Dire que tant de femmes et d’enfants ont dû subir tout ça dans tant de pays…
J’aimeAimé par 1 personne
Incroyable n’est-ce pas ? Merci Sacha pour toutes tes recommandations. Et dire que cela ne fait pas si longtemps et que la loi permettait ce type d’enlèvement. C’était cruel et inhumain. Il faut continuer d’en parler pour ne jamais oublier ce qu’on vécu les femmes.
J’aimeJ’aime