Madame lit Psychopompe d’Amélie Nothomb

« Désormais, écrire, ce serait voler. » (p. 102)
Chère Lectrice. Cher Lecteur,
Dans un épisode de La Grande Librairie, j’ai vu Amélie Nothomb parler de son livre Psychopompe et j’ai été touchée par son passage. Comme ce récit aborde la passion de l’autrice pour les oiseaux et que je les aime aussi, je me suis dit que j’avais ce point en commun avec Amélie Nothomb et je voulais découvrir ce qu’elle avait à raconter sur ces derniers. Alors j’ai acheté le livre de la célèbre autrice belge et je suis heureuse de l’aborder sur mon blogue. Par ailleurs, il est à noter que ce livre figure, entre autres, dans l’ensemble des romans sélectionnés au Prix littéraire Le Monde 2023.
Psychopompe
Dans ce livre, l’autrice parle de son enfance alors qu’elle devait quitter une ville pour une autre puisque son père exerçait la profession d’ambassadeur. Du Bangladesh, en passant par le Japon, la Chine ou encore New York, la jeune Amélie doit apprendre à défaire son nid, puis, à le rebâtir. Elle relate son trauma alors qu’elle n’avait que 12 ans et qu’elle a été violée par 4 garçons dans la mer. Ce traumatisme va l’entraîner dans une période sombre de sa vie : l’anorexie. Pour elle, ce livre lui permet de partager avec son lectorat son amour des oiseaux, mais aussi, elle cherche à démontrer le caractère singulier des êtres marqués par le psychopompe. Ainsi, il y a la beauté, l’euphorie de l’envol comme l’écriture, mais il y a également la chute, les terribles obsessions. La littérature apparaît comme un moyen de survie pour Amélie. C’est ainsi que l’instance lectrice apprend ce qu’est un oiseau psychopompe, une espèce de passeur entre la vie et la mort (comme le suggère La Bible). Il existe un passage entre la vie et la mort et les passeurs de l’âme sont des pychopompes. De plus, elle aborde le deuil de son père qui n’a pas été facile.
Mes impressions
Dans le passé, j’ai lu deux romans d’Amélie Nothomb :
J’ai apprécié ces romans. Alors, il me tardait de lire Psychopompe en raison des sujets abordés par l’autrice comme cette passion pour les oiseaux qui frise la personnalisation. D’un pays à un autre, elle s’identifie aux oiseaux s’y trouvant. Ainsi, au Bangladesh, elle développe un emballement pour l’engoulevent oreillard. Encore aujourd’hui, c’est celui à lequel elle s’identifie le plus.

« Découvrir les oiseaux, ce fut pour moi la sidération ». (p. 30)
« L’oiseau est le génie de l’instant présent. Je voulais vivre avec ce présent, comme lui. Je lui empruntai sa stratégie : effectuer au quotidien ce qui vous semble aussi improbable qu’impossible ». (p. 107)
Comme elle le mentionne dans une entrevue chez Albin Michel, Psychopompe, c’est son autobiographie en tant qu’oiseau. Mon intérêt pour les oiseaux n’est pas aussi poussé, mais je respecte l’autrice dans sa façon d’expliquer son identité et son processus d’écriture qui est indissociable de l’oiseau.
« Désormais, écrire, ce serait voler. Je ne suggère pas que me lire soit un exercice d’altitude, je sais que quand j’atteins mon écriture, je vole.» (p. 102)
L’autre élément caractérisant l’autrice, c’est sa réciprocité avec la mort. D’ailleurs, elle affirme que son père est son mort élu avec qui elle communique. Elle n’a jamais autant parlé avec son père que depuis son décès. Par ailleurs, la mort se manifeste en elle lorsqu’elle écrit. Sa température corporelle chute.
« Quand Kafka dit que la littérature sert à briser la glace qui fige en nous, cela me parle trop. J’écris aussi pour que le gel ne prenne pas en moi. Paradoxe absolu puisque écrire me plonge dans un froid sans nom. Je reconstitue des conditions d’une hostilité extrême pour résoudre une énigme. Tout se passe comme si je cherchais à savoir jusqu’où je peux escorter la mort. » (p. 124)
Le psychopompe s’alimente du froid, il cherche à s’approcher le plus de la mort. Les livres de Nothomb parlent de la mort. Dans celui-ci, cette dernière s’avère le thème de prédilection. La mort comme une frontière poreuse qui tente de s’abolir.
« Déjà, on ne peut ni ne veut jouer les psychopompes avec n’importe quel macchabée. Il faut un lien, et un lien puissant. On n’est jamais obligé : j’ai refusé de parler avec un mort que je trouvais importun. Il s’est obstiné puis il s’est lassé, comme un vivant. » (p. 147)
En ce sens, ce livre ouvre de nouvelles facettes sur Amélie Nothomb et sur son oeuvre. Dans Psychopompe, elle se dévoile à travers la figure aviaire et sur le lien entre cette dernière et la mort à l’image d’Orphée.
Je vous recommande ce livre :
- Si vous voulez en apprendre davantage sur Amélie Nothomb
- Si vous aimez les oiseaux
- Si vous souhaitez en apprendre plus sur le terme psychopompe
Avez-vous lu Psychopompe ?
Bien à vous,
Madame lit
Amélie Nothomb, Paris, Albin Michel 2023, 156 p.
ISBN : 978-2-226-18564-8
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J’aime davantage la femme que l’autrice. Je ne suis pas amatrice d’autofiction, par contre, je trouve Amélie Nothomb très sympathique et intéressante dans les émissions auxquelles elles participent régulièrement.
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Je la trouve attachante aussi. Merci beaucoup!
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Eh bien j’appends ce qu’est un psychopompe (quel drôle de nom).. j’ai beaucoup, beaucoup lu Amélie Nothomb à ses débuts, et puis je m’en suis lassée, j’avais l’impression de retrouver toujours la même mécanique… je ne pense pas que je lirai celui-là, mais j’ai lu ton billet avec un grand intérêt.
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Merci beaucoup Ingrid! Amélie Nothomb est une autrice tellement prolifique. Je comprends qu’on puisse s’en lasser.
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https://bookin-ingannmic.blogspot.com/
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Je pense que j’ai lu un seul roman de cette écrivaine et c’était Stupeur et tremblements. J’aime beaucoup ton article et j’ai le goût de lire ce roman. J’aime bien le passage de la page 124 et la glace brisée.
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Je crois que ce livre pourrait te plaire. Il est court et se lit très bien. Merci!
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Je n’ai pas lu Amélie Nothomb depuis très longtemps. J’apprécie son style limpide jalonné de termes savants, et je reviendrai sans doute vers elle mais peut-être pas pour ce texte-là, je l’ai déjà beaucoup entendu en parler.
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De mon côté, comme j’aime aussi les oiseaux, je ne pouvais pas le laisser de côté. Merci Sacha. Bonne semaine!
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Bonjour Nathalie, ce roman a l’air très touchant. Ce que tu écris sur les défunts et la communication avec eux m’interpelle. J’ai lu plusieurs livres d’A. Nothomb, certains que j’ai beaucoup aimés (Stupeur et tremblement), d’autres moyennement (Soif, par exemple). Peut-être que je lirai celui-ci, à voir ! Merci, bonne semaine 🙂
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Merci Marie-Anne ! Moi aussi le sujet sur la communication m’interpellait. Elle explique très bien son expérience et sa perception de la mort. Je te souhaite une belle semaine sous le soleil ! 🌹
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