Madame lit Dragonville de Michèle Plomer

« Le folklore contenait quantité d’histoires racontant qu’un dragon prenait une forme humaine pour jouir des grâces de la jeunesse. Un de ces animaux fabuleux n’aurait-il pas agi ainsi pour goûter la chair de Li? Ces bêtes se métamorphosent au besoin. » (p. 144)
Chère Lectrice, Cher Lecteur,
En août, notre Club de lecture, Les têtes à Papineau, s’est penché sur Dragonville (l’intégrale) de Michèle Plomer. Il faut dire que ce livre comprend trois tomes : Porcelaine, Encre et Empois. Dans notre club, nous n’avons pas peur de lire une trilogie en un mois ! De mon côté, c’était ma deuxième rencontre avec un univers de Michèle Plomer. J’avais déjà lu Le jardin sablier (cliquez sur le titre pour lire mon article) de l’autrice partageant sa vie entre le Québec et la Chine.
Dragonville
L’histoire se déroule selon deux temporalités :
- 1910 : Hong Kong – Lung, une femme-dragon, tombe amoureuse de Li (un homme à la beauté exceptionnelle) et elle veillera sur lui, même après sa fuite pour se rendre au Canada. Ce dernier est poursuivi par les triades, car il est soupçonné d’avoir tué un policier. Après un trajet en bateau pour le moins marqué par les défis, il arrive à Vancouver, puis il se rend à Magog, au Québec. En sol québécois, il va habiter avec deux Chinois, propriétaires d’une blanchisserie. Li ne cesse de déclarer son amour à Lung en écrivant le mot « je t’aime » dans sa langue partout sur les murs de la blanchisserie et en dessinant une dragonne. Lung, finira-t-elle par le retrouver ? Dans un autre ordre d’idées, le capitaine Matthews échappe à l’oppression du clergé en naviguant sur la mer. Sur terre, il doit se résoudre à rentrer dans le rang et à choisir une épouse. Il s’intéresse à Amélie Caron, une chrétienne très pratiquante.
- 2010 : Magog : Sylvie Matthews revient dans sa ville natale après un voyage en Chine. Elle veut ouvrir une boutique pour vendre des objets chinois de luxe. Dans le local qu’elle loue, elle trouve, en compagnie de Jean, son homme à tout faire et ami d’enfance, des idéogrammes cachées sous le plâtre et un dragon. Elle souhaite en apprendre plus et elle rencontre Petit Bouddha, un enfant aux sages pensées qui lui explique leur signification. Mais Sylvie est victime de crimes. Qui s’en prend à elle ? Pourquoi le ou les criminels s’en prennent-ils à Lake House, la maison qu’elle a héritée de son grand-père, située devant le lac Memphrémagog ?
Mes impressions
Pour moi, lire, c’est surtout un moyen de m’évader, de sortir de mon quotidien, de rêver grâce à la plume d’autrices et d’auteurs. Je me laisse guider par les mots et par l’imaginaire déployés au fil des pages. Le reste n’est que magie. Dans une entrevue accordée à Josée Lapointe dans La Presse, Michèle Plomer mentionne ceci :
« Je voulais vraiment raconter une histoire d’amour qui donne confiance en la vie. Et sans prétention, je crois que je suis arrivée à mes fins. […]
Je voulais faire une grosse saga romanesque, une nourriture pour le coeur. Dans cette société qui est difficile, où on court toujours, Dragonville nous montre que l’amour peut transgresser le temps, et même la mort.»
À cet égard, j’ai beaucoup apprécié cette histoire de dragonne, d’amour, d’amitié. Le personnage que j’ai le plus apprécié : Petit Bouddha. Ce dernier ressent les émotions intensément et il est hypersensible à son entourage. C’est lui qui fait le lien entre le passé et le présent, entre la Chine et le Québec, en expliquant à Sylvie la signification des idéogrammes sur les murs de sa boutique. Il soulève la passion évoquée partout sur les murs et il la ressent comme personne :
« L’énergie qui se dégageait des murs, sur lesquels on avait écrit des milliers de fois, d’une main appliquée, les minuscules je t’aime, fit fondre en larmes Petit Bouddha. Il s’assit sur le plancher et pleura.
Jean et moi n’avions pas compris la signification de ces mots. Nous avions seulement été sensibles au visuel de ce torrent de répétitions. Maintenant que le sens de ces mots m’était révélé, la puissance de la passion qui avait animé le calligraphe m’atteignit de plein fouet. […] Nous nous sommes laissé pénétrer par l’énergie de cette passion. » (p. 160)
L’amour que ressent Li pour Jung (la dragonne) est sublime. Il relève du divin chinois. En ce qui me concerne, je ne connais presque rien de la culture chinoise, même s’il y a beaucoup de personnes tributaires de cette nationalité au Québec. Je n’ai jamais eu la chance de fréquenter une Chinoise ou un Chinois. Alors, il a fallu que je fasse des recherches pour être en mesure de comprendre certaines symboliques comme celle du dragon. Selon le site internet Ciel Chine :
« Les dragons chinois sont un symbole de sagesse, de pouvoir et de chance dans la culture chinoise. Contrairement aux dragons occidentaux, ils sont généralement considérés comme bienveillants et gentils. Ils ont longtemps été un symbole dans le folklore et l’art chinois. De nombreux temples et sanctuaires ont été construits pour les honorer. En fait, les Chinois sont parfois appelés « descendants du dragon ».
À travers le symbole du dragon, beaucoup de Chinois voient des attributs divins. De ce fait, il est très respecté dans la culture chinoise. Ils sont cités dans plusieurs proverbes et textes chinois.
D’après les anciens, les dragons chinois contrôlent la pluie, les rivières, les lacs et la mer. Ils peuvent éloigner les mauvais esprits errants, protéger les innocents et accorder la sécurité à tous. »
En ce sens, Lung, en tant que dragonne, peut protéger Li et elle est associée à l’eau. D’ailleurs, elle dira à Li : « Sois eau. » Ces amoureux sont à la fois le feu et l’eau, le yin et le yang, la vie et la mort, l’énergie de toute chose à travers les éléments. J’ai adoré leur histoire d’amour. Aussi, le thème de l’eau s’avère essentiel dans le récit.
Il y aurait tellement à dire…
De plus, je tiens à souligner la beauté de la plume de l’autrice. Il y a de magnifiques descriptions tout au long de cette histoire. J’en ai noté quelques-unes dans mon cahier. Michèle Plomer est une autrice qu’il faut découvrir.
Cette lecture me permet de participer aussi au défi organisé par Mokamilla: Quatre saisons de pavés. Ce sera mon second pavé lu cet été.
Je vous recommande Dragonville si :
- Vous aimez les histoires où l’imaginaire côtoie le réel ;
- Vous connaissez un peu la Chine ;
- Vous appréciez les histoires d’amour et de famille.
Avec-vous lu cette trilogie ? Ou encore un autre livre de Michèle Plomer ?
Bien à vous,
Madame lit
Michèle Plomer, Montréal, Éditions Marchand de feuilles, 2013, 533 p.
Vous avez remarqué une faute dans mon article ? Écrivez-moi à lit.madame@gmail.com et il me fera plaisir de la corriger. Je ne suis pas parfaite… et il m’arrive aussi d’en faire. Merci et bonne lecture !!!
Cet article contient des liens d’affiliation grâce à un partenariat avec la coopérative des Librairies indépendantes du Québec. Vous pouvez commander Dragonville de Michèle Plomer par le biais du site Web des Libraires grâce à un lien sécurisé. Je recevrai une petite redevance qui ne vous coûtera rien.




Dis-moi, cette trilogie est-elle inclusive ?
Y parle-t-on de diversité ?
J’aimeJ’aime
On y parle surtout d’Histoire. As-tu un exemple en tête ?
J’aimeAimé par 1 personne
En fait je pensais à l’éloge des différences…
J’aimeAimé par 1 personne
C’est assez inclusif mais réaliste.
J’aimeAimé par 1 personne
ça me va !
J’aimeAimé par 1 personne
Cet « amour de dragonne »-là paraît différent des liens dragonnier-dragon évoqués dans la saga (de Fantasy) L’héritage de Christophe Paolini. Quant à la série manga « Dragon hunt tribe », elle n’est pas encore avancée (sortie à venir du tome 4) pour qu’on puisse savoir jusqu’où elle nous mènera…
Je note en tout cas le nom de Dragonville, s’il m’arrive de tomber dessus.
(s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola
J’aimeAimé par 1 personne
Merci. Cette trilogie publiée en un seul livre n’a rien à voir abec les mangas…Mais, c’est une lecture intéressante et belle. 🙂
J’aimeJ’aime