Chère lectrice, Cher lecteur,
En novembre, le Fil rouge, par le biais de son défi littéraire, proposait à ses participants de lire un essai québécois. J’ai choisi Le Monde sur le flanc de la truite ; Notes sur l’art de voir, de lire et d’écrire de Robert Lalonde. Je ne sais pas si ce bouquin entre dans la catégorie essai, mais je peux vous révéler que ce dernier mérite d’être lu par tous les amoureux de la littérature, de l’écriture, de l’acte de création, de la nature…
Dans son chalet à Oka, en compagnie de son chien et de sa chatte, Lalonde partage avec son lecteur ses observations durant les quatre saisons canadiennes sur la nature qui l’entoure et il fait des liens, entre autres, avec les auteurs qu’il aime et il médite sur le processus de création littéraire. Ainsi, au fil des pages, le lecteur découvre des extraits de Jean Giono, de Gabrielle Roy, d’Annie Dillard, de Flannery O’Connor, d’Aubudon, de Gustave Flaubert, de Montaigne, pour ne mentionner que ces derniers et il est amené à réfléchir sur le monde qui l’entoure à travers les pensées de ces grands auteurs. C’est un éveil par rapport à la vie que propose Lalonde. Par exemple, il cite Flannery O’Connnor :
Écrire n’est pas, à mon sens, une simple discipline, encore que c’en soit une ; c’est plutôt une certaine façon de regarder le monde, la réalité, et aussi l’art de faire usage de ses sens afin de déchiffrer le mieux possible la signification des choses…(p. 24)
Il est à noter que Lalonde traduit lui-même les textes de ses auteurs fétiches pour le plus grand plaisir de son lecteur qui retrouve ainsi sa touche personnelle.
Ou encore, comme il le mentionne à propos des œuvres littéraires :
Dans les livres des autres, tout est rassemblé, réconcilié, unifié, disponible : le passé, les saisons, l’amour, la mort, le monde vaste, les hommes, la vérité, les actions, les voix, la certitude d’un accomplissement possible. (p. 42)
De surcroit, l’auteur va à la rencontre de ses sens pour redécouvrir son rapport aux mots… Grâce à ses réflexions sur l’écriture, Lalonde ouvre la porte de son instant présent à son lecteur pour l’amener ailleurs, là où la beauté des mots résonne plus fort que le tumulte qui entoure l’être humain.
J’écris pour célébrer l’orage, celui du ciel de ce soir, celui qui grandit en moi, tous les orages du monde dont on espère qu’ils nous délivreront de nos tensions, qu’on dit insoutenables. Mais on soutient tout, toujours, orgueilleux et plus forts que nos tourments. J’écris pour que rien ne se perde, de tous les actes d’une journée, importants, insignifiants, à la fois matière à toucher Dieu, ou bien le vrai, tentatives d’ouvrir l’œil, parfois le bon. J’écris avec une gravité songeuse, une tendresse inconnue, embusquée, sur le qui-vive, l’espoir d’aimer les hommes, en les comprenant, en les montrant comme je les vois. Il m’arrive d’écrire comme on jette un cri dans la tempête, ou dans la forêt en feu. (p. 86)
Ce livre m’a profondément marquée… Je sors grandie de cette lecture…. Robert Lalonde est un grand écrivain. Sa plume s’avère sublime, ses réflexions sont profondes et empreintes de poésie. J’ai vraiment pris le temps de lire Le Monde sur le flanc de la truite. C’est une lecture qu’il faut déguster, savourer, laisser de côté et puis retrouver. Lalonde m’a permis de découvrir encore plus l’acte de création à travers sa perception, mais également à travers celle d’un auteur comme Paoustovski.
Chaque instant, chaque mot, chaque regard jeté au hasard, chaque pensée profonde ou badine, chaque tressaillement à peine perceptible du cœur humain, de même que le duvet aérien des peupliers ou le feu d’une étoile dans une flaque d’eau nocturne, sont des grains de poussière d’or…. Il est étonnant que personne ne se soit donné la peine d’observer comment, de ces grains de poussière, nait le flot vivant de la littérature… (p. 113)
Donc, il y a des livres pour rire, d’autres pour pleurer, pour frémir et il y en a pour ramener le lecteur à l’essentiel… Le Monde sur le flanc de la truite fait partie de cette dernière catégorie… J’ai noté beaucoup de citations dans mon cahier de lecture… Je vous convie à découvrir ce bouquin de Robert Lalonde pour réapprendre à voir, à écrire et à lire….
À partir du moment où l’on cesse d’inventer le monde, être mort ou vivant, c’est presque la même chose. (p.101)
Un autre livre de cet auteur que j’ai adoré est Le dernier été des Indiens et je vous le recommande sans hésitation.
Aimez-vous lire des réflexions d’auteur sur la littérature ou sur l’écriture ?
Bien à vous,
Madame lit
Lalonde, R. (1999). Le Monde sur le flanc de la truite; Notes sur l’art de voir, de lire et d’écrire. Cap-Saint-Ignace : Boréal compact.
trés beau !
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Merci! C’est vraiment gentil! 🙂
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Je n’ai jamais lu ce genre d’ouvrage.
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Merci pour votre commentaire! Ce type de réflexion sur la création pourrait certainement vous plaire…
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Et oui j’aime et je vais bientôt publier un article sur ce genre d’essai… Bravo pour ton texte, c’est toujours un plaisir de te lire…
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Merci! N’hésite pas à te procurer un ouvrage de Robert Lalonde. Je suis convaincue que tu aimerais sa plume.
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Je vais regarder ça… 🙂
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Il a écrit un livre sur Flaubert qui m’intéresse vivement et sur d’autres grands auteurs… Je vais me pencher plus sur ses bouquins en 2017!
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Flaubert, j’adore ! Ca va m’intéresser…
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Je te laisse explorer son univers! Tu vas faire de belles découvertes!
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Observations sur la nature et méditation sur la création littéraire, un programme qui peut me plaire, merci pour la découverte 🙂
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Je suis convaincue que ces notes sur l’art de voir, d’écrire et de lire pourraient te plaire! 🙂
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J’ai craqué, je me le suis commandé en librairie 🙂
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Je vais lire avec plaisir tes commentaires sur cet essai… Un livre qui va m’accompagner longtemps… J’espère qu’il résonnera autant en toi!
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Un livre qui m’intéresserait également ! Merci pour cette découverte qui promet une lecture enrichissante…et quel beau titre !
J’aime beaucoup les livres d’écrivains qui parlent d’autres écrivains. C’est souvent un régal : il y a la plume et le propos, sensible et riche d’enseignement
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Oui, un titre magnifique…Voir autrement… J’espère que tu pourras un jour lire ce bouquin ou un livre de cet écrivain! Il a une culture impressionnante et il sait comment la partager.
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J’ai pas mal lu tous les Robert Lalonde. Et je trouve toujours que le dernier est le meilleur.
Celui d’aujourd’hui, je l’ai emprunté deux fois à la bibliothèque, mais je devrais l’acheter pour pouvoir y souligner des passages que j’aime particulièrement et pouvoir les relire à ma guise.
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Oui, il y a des passages sublimes… J’ai noté beaucoup d’extraits dans mon carnet de lecture… Un ouvrage à conserver, à aimer, à savourer au fil du temps…
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Très chouette Nat… Les citations… Je ne connais pas cet auteur… Je note…
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Je suis contente d’apprendre que ces citations te plaisent…
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Le titre seul me le fait déjà aimer, digne d’un roman japonais ;o)
A découvrir et lire, c’est évident !
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Je vous souhaite de découvrir ce magnifique essai! Au plaisir!
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J’y suis, j’ai commencé. J’aime déjà. Je vous dirai plus tard chère Madame comment je l’ai traversé…
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D’accord… savourez-bien…
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Vous m’avez fait découvrir un livre extraordinaire. Je vous en remercie.
Un auteur qui parle de lecture, d’écriture, de se vie d’écrivain qu’il nous fait partager dans ses promenades. Je veux tellement souligner que je vais me procurer ce livrer tant il y a des passages lumineux que je veux retenir.
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Je suis bien contente de l’apprendre M. Benoit… C’est effectivement un livre lumineux d’un homme passionné par la lecture et l’écriture…
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Je termine la lecture du livre et je lis maintenant le livre dont il est fait mention à la page 40, Le don des morts. C’est vraiment intéressant car cette femme nous fait découvrir l’importance de la lecture et des livres dans toute vie.
Merci de m’avoir introduit à cela aussi.
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Je suis bien contente de l’apprendre… Je n’ai pas lu « Le don des mors »; il faudrait que je me procure ce bouquin… Bonne lecture alors… et au plaisir!
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Livre publié en 1991 doit être difficile à trouver
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D’accord. Merci de l’information.
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Les premiers mots du chapitre 4 du livre en donnent tout le sens :
« Sans les livres, nous n’héritons de rien : nous ne faisons que naître. Avec le livre ce n’est pas un monde, c’est le monde qui vous est offert : don que font les morts à ceux qui viennent après eux. »
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C’est vraiment magnifique… Merci pour ce très beau partage…
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Puis-je me permettre de vous demander si vous connaissez d’autres livres qui abordent un tel sujet ?
Merci à l’avance.
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J’ai beaucoup réfléchi et je ne crois pas connaître d’autres livres similaires… Bonne recherche!
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Un excellent article dans le journal Le Devoir en ce 4 mars.
Robert Lalonde, un écrivain en sursis. C’est une troisième suite des réflexions de l’écrivain sur l’écriture à ce qu’on me dit. On évoque le suicide, la mort et des interrogations sur ces deux sujets.
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Sublime n’est-ce pas? Quel écrivain de grand talent! Merci et bonne lecture!
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J’espère que vous le lirez aussi!
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