
«Revenir est la fatalité». (p. 9)
Chère lectrice, Cher lecteur,
Connaissez-vous Naomi Fontaine?
Il me fait très plaisir de la présenter par le biais de ce billet. Elle est née à Uashat dans une communauté innue du Canada tout près de Sept-Îles au Québec. Cette dernière est professeure de français et écrivaine. D’ailleurs, je suis convaincue qu’elle a puisé dans son expérience de professeure pour rédiger Manikanetish. Dans ce livre, Naomi Fontaine met en scène une professeure de français innue, Yammie, qui décide de quitter son amoureux pour rejoindre la réserve de la Côte-Nord dans laquelle elle a grandi pour aller enseigner au secondaire. Elle s’éloigne ainsi de la ville et de ses activités. En poste, elle rencontre alors des étudiantes et des étudiants avec plusieurs problématiques, mais doués. Ces derniers sont près de la nature, de leur famille. Malgré le désespoir qui parfois les assaille, leur professeure cherchera un moyen comme monter une pièce de théâtre, pour leur redonner le goût de persévérer et d’aimer la vie. La narratrice raconte le quotidien de ses élèves à travers leurs hauts et leurs bas. Mais qui change qui dans ce récit?
Dans cette histoire près de la réalité, Naomi Fontaine dresse le portrait d’une jeune génération d’Innus confrontés à la difficulté d’être. Il s’avère bien pénible de réussir lorsque tu es né dans une réserve autochtone. Comme l’écrivaine l’a mentionné dans une entrevue à Plus on est de fous, plus on lit :
« Les choses n’ont pas tant changé, on vit dans une société où être blanc est plus valorisé qu’être Innu ou qu’être immigrant. On n’a pas besoin de te le dire, mon enfant a 8 ans et il le sait d’instinct », constate avec désolation l’écrivaine Naomi Fontaine. Son livre, Manikanetish, paru à Mémoire d’encrier, aborde justement les thèmes d’injustice et de résilience que vivent les populations autochtones du Québec, mais aussi de leur force et de leur détermination.»
Je le vois bien également dans mes classes. J’enseigne depuis 18 ans au collégial et je n’ai pas eu beaucoup d’étudiants autochtones, trois, peut-être. Je perçois aussi les difficultés que vivent les étudiants immigrants lorsque vient le temps de trouver un emploi après l’obtention d’un diplôme. Ce n’est pas facile lorsque tu t’appelles Mohammed, Kituva ou encore Yammie comme notre héroïne. Ton nom révèle un passé, une couleur, une trace, une identité. Injustice, oui. Résilience, certainement. Faut-il se remettre en question? Oui.
Mais bon. Revenons à Manikanetish. Ce nom veut dire «Petite Marguerite» et c’est celui de l’école secondaire où enseigne la narratrice, Yammie. L’école a été nommée en l’honneur d’une femme n’ayant pas été capable d’avoir d’enfant, mais qui s’est occupée de ceux des autres. L’enfant ou l’adolescent s’avère au cœur de cette histoire à la fois dans le signifiant et le signifié. Comme le mentionne la narratrice au début du récit :
Je voulais faire bonne impression et même si je leur apparaissais tout d’abord comme une étrangère, hormis la couleur de ma peau et mes yeux foncés, je parviendrais à nouer des liens solides. Entre la connaissance de la langue française et la connaissance de soi.
C’était avant. Avant les absences de Marc. Les épaules voûtées de Myriam. Le talent brut et secret de Mélina. La révolte de Rodrigue. Le rire timide de Mikuan. Avant de tomber dans le vide. Abruptement. Sans retour en arrière possible.
C’était avant moi. (p. 14)
Je vous ai parlé à quelques reprises sur ce blogue de livres mettant en scène la figure de l’autochtone dans le récit québécois. Mais plus que cela, il faut lire les bouquins des écrivaines et des écrivains autochtones pour aller à leur rencontre, pour apprendre d’eux, pour écouter la voix de leurs ancêtres, pour célébrer leur joie de vivre, pour connaître leur désespoir.
Être blanc, c’est aussi confronter la couleur de sa peau à celle des autres… parfois, cette blancheur a laissé des traces indélébiles, funestes, dans le développement identitaire des autres peuples. Ce n’est que mon humble avis…
Que pensez-vous Manikanetish?
Bien à vous,
Madame lit
FONTAINE, Naomi. Manikanetish, Montréal, Mémoire d’encrier, 2017, 140 p.

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Quelle force de persuasion pour nous ouvrir à l’autre! Merci, Madame lit pour cette belle critique.
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Merci à vous d’être à l’écoute. Au plaisir!
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C’est une autrice que j’aime beaucoup aussi. Celui-ci est, je pense, mon préféré d’elle.
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J’ai hâte de découvrir ses autres romans. Merci!
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Je ne connaissais pas, merci pour cette belle découverte…
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Merci à toi! 🙂
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Très belle chronique, merci beaucoup pour le partage..
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Merci beaucoup.
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Chronique très intéressante sur un livre qui donne certainement à réfléchir !
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Oui! Merci beaucoup!
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Bravo pour cette belle chronique qui pose une question fondamentale sur l’urgence de rendre nos société plus inclusive. J’ai découvert Naomi Fontaine il y a peu de temps et sur tes conseils (merci encore :)) avec Kuessipan où déjà, elle assumait un propos militant. Je la relirai avec plaisir, merci pour cette chronique.
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Merci beaucoup. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour en arriver à une société inclusive, libre, paisible. L’important est de tenter d’ouvrir toutes les portes à l’autre et cela peut débuter par l’imaginaire. Au plaisir!
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