
Partie de chasse au petit gibier entre lâches au club de tir du coin
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«Mais ce n’est pas une amourette. C’est une partie de chasse au petit gibier entre lâches au club de tir du coin.» (p. 174)
Chère lectrice, Cher lecteur,
J’ai eu à choisir deux livres parmi les récipiendaires du Prix littéraire du Gouverneur général du Canada (LivresGG). Parmi ces derniers se trouve Partie de chasse au petit gibier entre lâches au club de tir du coin de Megan Gail Coles et dont la traduction est de Mélissa Verreault (c’est son travail de traduction qui s’est vu récompenser par le prestigieux prix canadien).J’ai choisi ce livre car dans sa présentation, il est mentionné que ce dernier est :« une déclaration de guerre contre la misogynie». Dès lors, ma curiosité a été piquée. Par ailleurs, ce livre me permet de participer à l’événement littéraire organisé par Ingannmic puisqu’il a été rédigé par une autrice d’origine, entre autres, mi’kmaq.
Tout d’abord, qui est Megan Gail Coles?
Selon le site de la maison d’édition Québec Amérique :
«Megan Gail Coles est diplômée de l’Université Memorial de Terre-Neuve-et-Labrador, ainsi que de l’École nationale de théâtre du Canada et de l’Université de Colombie-Britannique. Originaire de Savage Cove dans la Grande Péninsule du Nord, sur l’île de Terre-Neuve/Ktaqmkuk, Megan vit maintenant à St. John’s. Elle occupe le poste de directrice administrative de la revue Riddle Fence, en plus d’être doctorante à l’Université Concordia. Elle est d’origine anglaise, irlandaise, écossaise et mi’kmaq.»
Partie de chasse au petit gibier entre lâches au club de tir du coin
Iris travaille au restaurant Hazel. Elle occupe le poste de serveuse et elle est la maîtresse du propriétaire John qui se dit amoureux de sa femme. Cependant comme toutes les femmes amoureuses, Iris espère qu’il va laisser sa femme pour elle et qu’elle pourra vivre enfin son histoire d’amour au grand jour. Pour lui, elle a renoncé à ses amies, à sa santé mentale, à son temps. Tout tourne autour de lui. Puis, il y a Olive, mal aimée depuis l’enfance, qui prend de mauvaises décisions. Son manque de jugement va lui être catastrophique car sur l’Île de Terre-Neuve, à St. John’s, les hommes sont durs, ils font mal à l’âme et au corps. D’autres habitants de l’île viennent aussi au restaurant et ils ont leur histoire tragique comme Damian. Cependant, à la Saint-Valentin, de mauvaises surprises peuvent surgir, tout comme de bonnes, et ce, sous fond d’une terrible tempête de neige.
Ce que j’en pense
J’ai trouvé ma lecture très troublante en raison des thématiques suivantes :
- La violence faite aux femmes autochtones
- L’alcoolisme
- La drogue
- Le viol collectif
- Le manque d’amour
- Les familles éclatées
- Les problèmes d’argent
- La violence faite aux homosexuels et aux lesbiennes
- L’adultère
- Etc.
Je ne viens pas de ce milieu, mais je me suis retrouvée dans cet amour que ressent Iris pour John, un homme marié. Qui n’a pas aimé à en perdre la tête, à ne plus écouter ceux qu’on aime, au point de se ridiculiser jusqu’à ce que la honte explose à force d’être trop grande?
«John l’a tenue pour acquise. Il a joué de manière insouciante avec son coeur. Elle a essayé de les protéger. Elle a essayé d’empêcher que ça dégénère. Mais il a refusé d’écouter. Ou de reconnaître qu’elle lui appartenait. À tout point de vue, mais sans avoir le titre officiel, elle lui a appartenu. Et à présent, ils ne sont destinés à rien d’autre qu’au naufrage. (p. 105)
Vous l’aurez compris, les hommes sont méchants dans ce récit, ils sont des moins que rien qui agissent sans prendre conscience de leurs actes. J’ai été vraiment ébranlée par toute cette noirceur. Mais quand je regarde les nouvelles au Canada et que j’entends les tragédies régissant le vécu des femmes autochtones (nombreuses disparitions, meurtres, etc.), je ne peux que percevoir et ressentir à la lecture de ce récit le drame dans lequel elles ont grandi (parents absents, oncles aux mains trop longues, etc).
Mais encore, Olive a 26 ans, elle agit comme une femme-enfant et vit dans un taudis. Elle apparaît incapable de se sentir un être humain; elle se perçoit comme un rien. Elle me fait pitié. Elle a tellement besoin d’amour. Sa souffrance s’avère tributaire des générations qui l’ont précédée. Elle est à l’image des êtres de son passé. Tout ce qu’elle réussit à faire, c’est de s’enfoncer encore plus dans un tourbillon dramatique. Mais elle est une personne, tout comme Iris, et elles doivent commencer par l’accepter.
C’est dur, c’est tout sauf facile à lire. Mais bon. On ne peut pas fermer les yeux devant tant de souffrance. Il faut la dénoncer, la coucher sur le papier afin qu’une prise de conscience émane de cette dernière. Malgré tout, comme le soulève le narrateur :
«Parce qu’il y a de beaux couples à St. John’s. Il y a des hommes et des femmes qui s’aiment à Terre-Neuve. Il y a de la chaleur et du bonheur, dans la clarté et la compréhension. (p. 421)
Je vous convie à lire ce récit. Vous allez ressentir une certaine douleur. Une douleur nécessaire afin que la tempête cesse et que le calme revienne et qu’il apaise les coeurs blessés.
Que pensez-vous de ma lecture?
Bien à vous,
Madame lit
Gail Coles, M. (2021). Partie de chasse au petit gibier entre lâches au club de tir du coin, traduit par M. Verreault. Québec Amérique.
ISBN : 978-2-7644-4401-6
Vous avez remarqué une faute dans mon article? Écrivez-moi à lit.madame@gmail.com et il me fera plaisir de la corriger. Je ne suis pas parfaite… et il m’arrive aussi d’en faire. Merci et bonne lecture!!!
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En lisant le titre de ce livre, je ne me doutais pas du tout qu’il allait avoir un tel contenu! Et en fait, c’est un titre bien adapté… je pense que j’apprécierais beaucoup ce livre, ces rencontres, malgré toute cette noirceur. Merci!
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Je te l’apporterai lors de ma visite en avril en Belgique. On se planifiera un bon souper!!!
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Oh, chouette!!! A quel moment serez-vous là ?
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Nous serons en Belgique du 9 avril jusqu’au 23. Nous avons loué un Airbnb è 3 km de spa (après). Nous allons vous inviter pour un apéro et nous pourrions sortir pour le souper. Tu en penses quoi?
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Je te réponds en privé 😊
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Une lecture qui bouscule. Indéniablement. Je comprends néanmoins ce qui t’a fait choisir ce roman, son thème m’aurait aussi attiré vers ce titre.
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Oui, le titre est vraiment bien choisi. Et il représente les thématiques du livre. C’est fort. Merci!
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Ca a en effet l’air très dur, mais comme tu dis, c’est une réalité, malheureusement… j’ai sur mes étagères « Sœurs volées », l’essai d’Emmanuel Walter sur les féminicides et les disparitions de femmes qui touchent dans des proportions inacceptables les amérindiennes du Canada, et j’en retarde depuis un moment ma lecture… je viens de réaliser qu’il rentre aussi dans l’activité autour des minorités..
Merci en tous cas cette proposition qui est la 2e et non la 1e, comme tu l’a écris sur mon blog (tu as déjà proposé le titre de Grey Owl – d’ailleurs, j’ai voulu en savoir davantage sur lui et j’ai un peu fouillé sur internet, et vu que ce n’était pas un vrai indien mais un anglais -c’est dingue cette histoire !-).
P.S = Je laisse mon commentaire via mon compte facebook car WordPress ne me propose plus le formulaire habituel (ça m’était déjà arrivé), mais c’est Ingannmic !
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Bonjour Ingrid, je suis ravie de lire que tu penses à nous présenter l’essai d’Emmanuel Walter. Je ne l’ai pas lu mais je sais que c’est aussi un livre dont la lecture s’avère nécessaire. Ton activité autour des minorités est extraordinaire car elle nous permet de mettre en lumière des oubliés, des écorchés, des êtres humains malmenés par l’Histoire. C’est bien vrai, c’est ma deuxième contribution! 🙂 Intéressant n’est-ce pas le parcours de Grey Owl? Je le savais car j’ai lu un peu sur cet homme qui a marqué l’Histoire. Au plaisir et merci!!!
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Un titre qui claque comme un coup de fusil. J’aime la noirceur quand elle est accompagnée d’espoir ou de combats afin de faire évoluer les choses. Est-ce que la dénonciation et la noirceur, à elles seules, font bouger les lignes ? Je me pose parfois des questions à ce sujet. J’aime beaucoup ta chronique et je n’ai pas trouvé de fautes malgré mes efforts (-:
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Je crois que pour les femmes autochtones, il importe d’écrire, de dénoncer, car elles souffrent en raison de ce lourd silence. Il faut les lire, les écouter encore et encore et surtout, de tenter de les comprendre. Cette noirceur doit un jour finir…. Elles souffrent de ce manque de compréhension à leur égard. Elles sont des êtres humains et elles veulent le crier, le dire. Vivre de violence, de misogynie, cela doit marquer très fort le devenir à travers les générations. C’est juste mon humble avis. Merci de surveiller mes fautes! 😉 J’ai besoin de cet oeil!!! Au plaisir!
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Ton texte est magnifique et l’on ne peut que déplorer que de tels événements puissent se produire. Et je comprends que le roman n’est pas d’une lecture facile. Ce roman semble t’avoir beaucoup touché…
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Oui, j’ai beaucoup été touchée. Je l’ai aimé et je réalise à quel point je dois encore plus essayer de mettre en lumière sur mon blogue les écrits des femmes autochtones afin de les faire connaître. Merci.
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C’est vrai que le titre parait un peu amusant au départ mais qu’à la lecture de ton billet on perçoit que c’est en fait une dénonciation. Et tu as raison quand tu dis qu’on ne peut pas fermer les yeux devant tant de souffrance. Merci d’avoir présenté ce titre, j’espere que le prix qu’il a reçu lui donnera une bonne visibilité.
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Je souhaite aussi que le prix qu’il a reçu lui permette de voyager un peu partout. Avoir une certaine reconnaissance et une certaine écoute aident un peu à mon humble avis à mettre un peu de baume sur les meurtrissures. Merci!
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Le titre me plaît et le thème aussi malgré la noirceur, je note, merci pour la découverte 🙂
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Au plaisir! Bonne lecture! 🙂
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