Madame lit Enquête chez les Filles du roi de Diane Lacombe

« Chère Renée, je suis parfaitement aise d’être ici, mais je t’avoue appréhender l’hiver. Les travaux préparatifs pour sa venue vont bientôt nous accaparer, et au souvenir du mois de janvier dernier, l’angoisse m’étreint. Que de froid, que de glace, que de noirceur hâtive j’ai dû supporter. »
Chère lectrice, Cher lecteur,
Pour ma première participation à l’événement relié aux romans épistolaires organisé par Et si on bouquinait un peu? et moi, je voulais en lire un québécois. J’ai recherché des titres et j’ai finalement trouvé Enquête chez les Filles du roi de Diane Lacombe. Pourquoi avoir choisi ce titre ? Comme je suis en ce moment sensible à mon arbre généalogique, je me suis dit que ce livre serait, sans aucun doute, intéressant. Comme l’image des Filles du roi s’avère souvent biaisée, je voulais ainsi en apprendre davantage sur ces dernières.
Tout d’abord, qui est Diane Lacombe ?
Selon le site Web des Éditions Québec-Amérique :
« Née à Trois-Rivières, Diane Lacombe est la deuxième d’une famille de cinq filles. Elle étudie à l’Université Laval en communication graphique – cinéma – psychologie. Elle travaille à Montréal comme journaliste pigiste pendant une dizaine d’années avant de devenir conseillère en communications. On lui doit plusieurs romans historiques, dont la trilogie de Mallaig, saga médiévale vendue à plus de 500 000 exemplaires, traduite en espagnol et en allemand.»
Enquête chez les Filles du roi
Renée Biret, l’ancêtre de l’autrice, par le biais de la plume de sa tante Sarah, car elle ne sait pas écrire, envoie des lettres à ses amies de La Rochelle parties en Nouvelle-France en tant que Filles du roi pour se marier et élever une famille dans les années 1660. Renée recherche son fiancé, Hélie, qui lui avait dit qu’il reviendrait auprès d’elle pour l’épouser après son contrat de 36 mois en Nouvelle-France. Elle se morfond, désespère et tente par tous les moyens d’en apprendre plus sur celui qui occupe ses pensées en se référant à ses contacts féminins en Nouvelle-France pour tenter de comprendre celui qu’elle attend. Elle ne peut oublier Hélie. Que lui est-il arrivé ? Pourquoi ce dernier ne lui écrit-il pas ? Comme les échanges de lettres sont longs entre la France et la Nouvelle-France, le fiancé a bien le temps de se déplacer sur le territoire. Cependant, Renée découvre au fil des missives la vie des femmes mariées dans le Nouveau Monde.
Mes impressions
J’aime énormément les romans épistolaires. D’ailleurs, Diane Lacombe mentionne ceci :
« Correspondre
L’écriture épistolaire est un jeu qui se déploie dans le temps, à une fréquence variée et qui s’élabore en solo ou avec la participation des autres. C’est un échange sous la forme du dialogue, avec moi-même ou avec des amis de plume qui me sont très chers. »
Diane Lacombe
Dans ce livre, les lettres sont intéressantes, car l’instance lectrice découvre le mode de vie des Filles du roi. Il importe de se rappeler que c’est près de 800 Filles du roi qui sont venues s’établir en Nouvelle-France. En France, comme elles étaient bien souvent pauvres, elles n’auraient pas eu la chance de se marier, car elles étaient sans dot. En partant pour la Nouvelle-France, elles reçoivent une dot de la part du roi et elles ont ainsi la chance de faire un bon mariage ou pas. Ces dernières m’impressionnent au plus haut point, car elles ont tout d’abord quitté leur famille, leur pays, leurs amies, etc. pour venir épouser un parfait inconnu et pour donner des enfants à ce pays qui était encore inexploité. Elles créaient ainsi des familles. Dans ce livre, l’autrice évoque à différents endroits 30 Filles du roi qui ont vraiment existé.
Selon l’Encyclopédie canadienne :
« Définition
Les Filles du roi sont des femmes célibataires et quelques veuves dont le roi favorise la migration en Nouvelle-France entre 1663 et 1673. Comme les intérêts privés favorisent la migration d’engagés mâles, le gouvernement français et les communautés religieuses tentent de corriger la disproportion entre les sexes dans les colonies. Au Canada, même si les premières femmes commencent à arriver dans les années 1630, seules les quelque 800 qui débarquent au cours des 11 premières années du gouvernement royal sont appelées « Filles du roi ».
Alors, en donnant vie à son ancêtre qui était une Fille du roi, Diane Lacombe rend ainsi un hommage à celles qui sont devenues les mères de la nation québécoise. Ces femmes fortes ont certainement transmis à leurs descendances leur trait de caractère (la force) pour affronter le climat québécois, les mouches noires, les maladies, les nombreux bébés, etc. J’ai souri en apprenant ceci :
« Au moins sait-on que le 12 avril 1670, un règlement oblige les hommes célibataires à se marier dans le mois suivant l’arrivée d’un contingent de Filles du roi, sous peine de perdre leur permis de chasse, de pêche et de traite. Et vlan ! Ça prend un homme et une femme pour ‘’faire de la famille’’.
Alors, les hommes ne pouvaient s’enfuir et devenir coureur des bois, car ils n’auraient pas pu vivre de la traite de fourrure.
L’autrice mentionne les noms des bateaux qui partaient de la France pour traverser l’Atlantique, ce qui donne des effets de réalisme à son récit.
J’ai trouvé aussi un élément commun entre Diane Lacombe et moi, le prénom de notre ancêtre. La mienne s’appelle Renée Roger et elle a décidé de quitter la Perche, la Gaignonnière, avec ses fils Mathurin, Jean, Pierre et sa fille Marguerite. Cependant, elle n’était pas une Fille du roi. Elle est venue avec ses enfants pour tenter sa chance en Nouvelle-France. Je proviens de la souche de Jean.
Je vous recommande de lire ce roman épistolaire :
- Si vous aimez la lecture de lettres ;
- Si vous voulez découvrir un petit peu la vie des Filles du roi ;
- Si vous souhaitez passer un moment tout féminin.
J’ai lu Enquête chez les Filles du roi de Diane Lacombe dans le cadre de la Lecture de romans épistolaires du 7 au 10 juin 2024 que j’organise avec Et si on bouquinait un peu?
Connaissez-vous certains faits entourant la vie des Filles du roi ?
Bien à vous,
Madame lit
Enquête chez les Filles du roi
Diane Lacombe, Éditions Québec Amérique, 2020, 193 p.
ISBN : 978-2-7644-3976-0
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Ça a dû être une belle et originale découverte! Je serais curieuse de voir s’ils en parlent côté français!
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Moi aussi ! C’est vraiment un aspect fascinant de notre Histoire. J’étais heureuse d’y revenir par le biais de cette lecture.
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Bon, ben je note si c’est un moment tout féminin. 😉 😀
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Si vous le lisez, vous m’en donnerez des nouvelles. Merci!
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si, oui ! 😀
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J’ignorais tout des filles du roi. L’obligation pour les hommes de se marier sous peine de sanctions est assez étonnante… Mais pour ces femmes comme pour ces hommes, les mariages arrangés pour des raisons pratiques n’étaient sans doute pas si rares à cette époque. En revanche, traverser un océan et vivre un hiver canadien devaient être d’énormes défis !
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Je les trouve très fortes ces femmes. Elles étaient pour la plupart des orphelines élevées au couvent et elles n’avaient pas beaucoup de chance de faire un bon mariage en France. C’est étonnant qu’en Europe, cette partie de l’Histoire ne soit pas abordée.
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De manière générale, il me semble qu’on parle peu des émigrations françaises vers le Nouveau continent. J’ai par exemple découvert très récemment qu’il y avait eu une forte immigration basque vers l’Amérique du sud et les États-Unis. On se voit surtout comme un pays d’immigration, il faudrait qu’on se penche davantage sur ces aspects de notre histoire.
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Je trouve cela vraiment fascinant. Merci d’avoir mentionné ces faits. Et pourtant, l’Amérique s’est développée grâce à l’immigration européenne (France, Angleterre, Irlande, etc.). Les cours d’Histoire devraient peut-être être modifiés…
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intéressant comme thématique !
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C’est ce que je pense aussi! 🙂
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Bonjour Nathalie je n’avais jamais entendu parler de ces filles du roi. Au 17ème siècle, traverser l’atlantique pour s’installer au Canada c’était vraiment une grande aventure… Et puis épouser un homme inconnu, en plus…c’est dur ! Merci beaucoup de cette présentation et bonne journée à toi
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Bonjour Marie-Anne, je suis étonnée chaque fois que je lis que vous ne connaissiez pas cette facette de la colonisation outre-Atlantique. Je suis heureuse d’avoir abordé les filles du roi dans cette article. Je te souhaite une belle semaine!
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Notre rendez-vous épistolaire m’a emmenée au 16 siècle et je suis contente de voir que tu aies aussi choisi un roman historique qui de plus éclaire sur un sujet moins connu. Je me note le nom de l’autrice et ce titre.
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Merci Eva… Grâce à cet article, j’ai réalisé à quel point l’histoire des Filles du roi est méconnue. Au plaisir!
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Que dire en lien avec ce beau texte. Je connaissais ces filles du roi, j’en ai entendu parler et je suis tenté de lire ce livre…
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Tu l’aimerais beaucoup. C’est court et il se lit bien. Il est très intéressant pour le côté historique. Merci!
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Ce sujet est passionnant. Je savais que des femmes américaines avaient été envoyées en territoire Cheyenne au 19ème siècle (Jim Fergus s’inspire de ce fait dans « Mille femmes blanches ») et que des Japonaises avaient traversé l’océan Pacifique après la seconde guerre mondiale (cf « Certaines n’avaient jamais vu la mer » de Julie Otsuka) mais j’ignorais le sort des Filles de France au Canada.
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Je suis heureuse d’avoir mis en lumière alors le destin des orphelines françaises qui sont venues s’établir en sol canadien. Elles sont les mères de notre nation.
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