Madame lit Comment devenir un ange de Jean Barbe

« La bêtise n’est pas seulement immémoriale, elle est également universelle ! » (p. 275)
Chère Lectrice, Cher Lecteur,
En mars, notre club de lecture s’est penché sur le livre de Jean Barbe Comment devenir un ange. Comme Les Têtes à Papineau (nom de notre club de lecture) avaient énormément apprécié Comment devenir un monstre , récipiendaire du Prix des Libraires et du Prix France-Québec 2005 de cet écrivain, alors elles souhaitaient poursuivre la découverte de son œuvre.
Comment devenir un ange
François loue un appartement à Montréal et il va le partager avec deux colocataires : Fred et Provençal. Il est un jeune journaliste et il va rencontrer Victor Lazarre lors d’un concours sur « l’être le plus extraordinaire que j’ai rencontré » organisé par le journal où il travaille. Des personnes ont mis en nomination Victor, car il sait écouter les autres et les libérer de leurs problèmes. Ce dernier est-il un être surnaturel ? Des années plus tard, par un beau matin, au Mexique, François le voit partir dans les airs, comme un ange, et disparaître à tout jamais. Auparavant, Victor lui avait demandé d’écrire son histoire. François retourne à Montréal et plonge dans ses souvenirs où ses colocataires détiennent un rôle important pour écrire sur Victor Lazarre et il réalise que son histoire, celle de ses colocataires et de Victor sont intimement liées. Cette épopée se déroule sur plus ou moins vingt ans et l’amitié détient une place capitale.
Mes impressions
Ce livre apparaît comme un petit bijou qu’il faut polir, regarder, porter et laisser de côté pour mieux y revenir. C’est un livre avec des sujets importants. Ces thèmes amènent l’instance lectrice à réfléchir sur des concepts historiques comme le fascisme, l’existentialisme, le fatalisme, et elle réalise que la réalité n’est pas loin de la fiction. Jean Barbe s’amuse avec le langage pour faire réaliser que l’histoire peut se répéter, que le fascisme n’est malheureusement pas mort avec Hitler et Mussolini. Désormais, il est question du fascisme capitaliste :
« Les produits de consommation ont remplacé de nos jours l’idéologie fasciste. […] La négation de la douleur passe par la consommation. C’est le fascisme économique. La pensée magique et la morale marchande, marchant main dans la main vers des lendemains qui scintillent. Dans la publicité comme dans la propagande fasciste, il n’y a personne de laid, de handicapé, mais toujours des représentants idéaux d’une race supérieure quelle qu’elle soit. » (p. 129)
« Avec un usage de la force réduit au minimum, le fascisme capitaliste avait transformé le citoyen en consommateur, c’est-à-dire en con sommé de consommer. Il est grand le mystère de la foi. » (p. 294)
J’adore ces jeux de mots à la Réjean Ducharme. Mais encore, en consommant toujours plus, l’être humain « achète une vie sans douleur et c’est la vie fasciste » (p. 127). Le bonheur / la non douleur se retrouve dans les produits. La révolution numérique n’a engendré qu’une occasion d’affaires. Par exemple, il faut penser à nos téléphones intelligents. Maintenant, les compagnies pour fidéliser leurs clients remplacent automatiquement leur téléphone tous les deux ans ! C’est fou ! Nous n’avons même plus le choix de le garder…
Mais encore, certains personnages représentent bien la philosophie existentialiste. Il y en a qui lisent Sartre, d’autres s’interrogent sur la notion de liberté comme Fred et ce dernier vit en fonction d’elle.
« C’est ce que je choisis. La vraie liberté, François, c’est se donner le droit de faire les mauvais choix. Ce n’est pas beau la liberté. Ce n’est pas propre. Ce n’est pas moral. Ce n’est même pas intelligent. Mais c’est la liberté. J’assume mes choix. » (p. 361)
Je fais le choix dans ce billet de ne parler que de ces notions. Il y a tant à dire… Je vous laisse le découvrir et je vous le recommande sans hésitation. C’est un livre qui cadre très bien dans le contexte dans lequel nous vivons avec la montée de l’extrême droite un peu partout dans le monde. Je le mettrais dans toutes les mains des cégépien.nes.
Je vous recommande ce livre :
- Si vous aimez réfléchir
- Si vous souhaitez découvrir une quête de la bonté
- Si vous désirez découvrir une plume universelle et efficace
Un excellent choix de lecture québécoise !
Que pensez-vous de cet article ? Vous avez déjà lu un roman de Jean Barbe ?
Bien à vous,
Madame lit
Jean Barbe, BQ, 2020, 414 p.
ISBN : 978-2-89406-322-4
Vous avez remarqué une faute dans mon article ? Écrivez-moi à lit.madame@gmail.com et il me fera plaisir de la corriger. Je ne suis pas parfaite… et il m’arrive aussi d’en faire. Merci et bonne lecture !!!
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Il s’agirait donc d’une duologie ? Ce que tu dis de ce roman est intrigant, mais je pense que Comment devenir un monstre m’intéressera plus.
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Les deux sont excellents pour des raisons différentes! Il n’y a pas de suite à l’un ou l’autre. Ils se lisent très bien séparément. Merci! 🙏🏻
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Bonjour Nathalie, je vois que ce livre est très engagé politiquement ! Donner à réfléchir, c’est le propre des bons écrivains et, en tant que lectrice, j’aime ce genre de livres. Je ne sais pas vraiment si c’est fachiste de consommer, mais ça mérite réflexion ! Merci pour cette présentation, belle fin de journée 🙂
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Merci Marie-Anne! En tous les cas, c’est très bien expliqué dans le livre à quel point l’être humain est prisonnier du système de consommation à outrance… bonne fin de journée à toi!!!
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