
Chère lectrice, Cher lecteur,
Je pense depuis un certain temps à cette liste. Je me demandais quels seraient les 10 livres québécois que je vous recommanderais. Alors, j’ai réussi à les sélectionner et je vous les présente car je sais que certains de mes lecteurs connaissent très peu la littérature d’ici.
1. L’orangeraie de Larry Tremblay
Parce que cette histoire fait partie de celles qui frappent en plein cœur. Dans ce siècle où les attentats ne cessent d’alimenter les actualités, je vous invite à ouvrir les grilles de cette orangeraie et à aller à la rencontre de ces personnages inoubliables. Vous serez certainement bouleversé comme je l’ai été…
Pour tuer le temps, ils s’amusaient à se faire exploser dans l’orangeraie. Aziz avait chipé à son père une vieille ceinture qu’il avait alourdie avec trois petites boîtes de conserve remplies de sable. Ils la portaient tour à tour, se glissant dans la peau du futur martyr. Les orangers jouaient aussi avec eux. Ils se métamorphosaient en ennemis, interminables rangées de guerriers, prêts à lancer leurs fruits explosifs au moindre bruit suspect. (…) Amed et Aziz tentaient d’imaginer l’impact au moment fatal.
– Tu crois qu’on va avoir mal?
Pour commander ce livre, cliquez sur L’orangeraie.
2.L’homme rapaillé de Gaston Miron
Parce qu’il faut lire Miron et cheminer avec ses mots. Entrer dans L’homme rapaillé, c’est aller au coeur de l’identité québécoise, c’est se promener avec les vents, c’est écouter le bruissement des feuilles, c’est regarder passer l’éternité. De plus, Miron savait exprimer ses émotions en beauté…Il faut surtout tourner les pages de son livre pour voyager avec lui à travers ses temps…
J’ai fait de plus loin que moi un voyage abracadabrant
il y a longtemps que je ne m’étais pas revu
me voici en moi comme un homme dans une maison
qui s’est faite en son absence
je te salue, silenceje ne suis pas revenu pour revenir
je suis arrivé à ce qui commence
Pour commander ce livre, cliquez sur L’homme rapaillé.
3. Prochain épisode d’Hubert Aquin
Un incontournable en raison de la puissance narrative et lyrique de ce roman policier ou d’espionnage… Un livre digne d’une plume qui frôle le génie…Un personnage dans ce Québec marqué par une révolution plus ou moins tranquille…. Un protagoniste qui veut assassiner un agent fédéraliste… au nom de la souveraineté…
Au fond de ton ventre de nuit, je frappe en m’évanouissant de joie, et je trouve la terre meurtrie et chaude de notre invention nationale. Mon amour, tu m’es sol natal que je prends à pleines mains, sol obscur fuyant que je féconde et où je me bats à mourir, inventeur orgueilleux d’une guérilla infinie.
Pour commander ce livre, cliquez sur Prochain épisode.
4. Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy
Lire un roman de Gabrielle Roy, c’est précieux, c’est beau, c’est parfait. Pourquoi celui-ci? Parce que c’est son plus connu… C’est celui qui raconte l’histoire d’une famille montréalaise très pauvre… Une famille où chaque personnage tente de trouver son bonheur afin d’échapper à la misère. Nous ne pouvons oublier cette Florentine Lacasse qui a tant aimé un homme pour qui elle n’était qu’un bonheur d’occasion… dans ce monde d’avant-guerre…
Il savait maintenant que la maison de Florentine lui rappelait ce qu’il avait par-dessus tout redouté : l’odeur de la pauvreté, cette odeur implacable des vêtements pauvres, cette pauvreté qu’on reconnaît les yeux clos. Il comprenait que Florentine elle-même personnifiait ce genre de vie misérable contre laquelle tout son être se soulevait. Et dans le même instant, il saisit la nature du sentiment qui le poussait vers la jeune fille. Elle était sa misère, sa solitude, son enfance triste, sa jeunesse solitaire ; elle était tout ce qu’il avait haï, ce qu’il reniait et aussi ce qui restait le plus profondément lié à lui-même, le fond de sa nature et l’aiguillon puissant de sa destinée.
Pour commander ce livre, cliquez sur Bonheur d’occasion.
5. Regards et jeux dans l’espace d’Hector de Saint-Denys-Garneau
Comment ne pas succomber à la plume de ce grand poète québécois? Entrer dans son univers, c’est se laisser habiter par le divin, c’est se laisser porter par une force de la nature, celle du jeu poétique à travers la vision du poète. Son regard oscille entre l’ombre et la lumières dans tous les espaces…
Ne me dérangez pas je suis profondément occupé
Un enfant est en train de bâtir un village
C’est une ville, un comté
Et qui sait
Tantôt l’univers.Il joue
Pour commander ce livre, cliquez sur Regards et jeux dans l’espace.
6. L’avalée des avalés de Réjean Ducharme
Je suis une admiratrice inconditionnelle de cet auteur. Je crois bien que j’ai lu tous les livres de Ducharme. Encore une fois, je m’arrête sur L’avalée des avalés car c’est le livre du rêve… Les personnages rêvent d’un ailleurs meilleur pour échapper au désespoir. Pour ce faire, ils se réfugient dans les livres, dans les vers de Nelligan, le poète maudit.
Émile le poète devenu fou à l’âge de devenir adulte, le poète qui s’enfermait la nuit dans les églises pour crier ses poèmes à la Vierge Marie.
Ce matin, en sortant de mon livre, j’éprouvais une délicieuse sensation d’ébriété et d’espace, une grande impatience, un magnifique désir. Tout ce que je demande à un livre, c’est de m’inspirer ainsi de l’énergie et du courage, de me dire ainsi qu’il y a plus de vie que je ne peux en prendre, de me rappeler ainsi l’urgence d’agir.
La littérature pourra-t-elle assurer le salut des personnages? À vous de le découvrir…
Pour commander ce livre, cliquez sur L’avalée des avalés.
Kamouraska d’Anne Hébert est basé sur un fait réel. Ce récit raconte un crime passionnel. Ainsi, le Seigneur de Kamouraska est assassiné par l’amant de sa femme, le Docteur Nelson. Anne Hébert a changé les noms dans ce récit de passion, de neige, de sang… Un grand roman d’amour québécois.
L’apaisement qui suit l’amour. Son épuisement. Nous refusons encore d’ouvrir les yeux. Dans un chuchotement d’alcôve nous discutons de la mort d’Antoine. Nous en arrivons là tout naturellement. Nos deux corps à peine reposés après l’amour fou. Tout comme si cet instant paisible, cette trêve ne nous était accordée que pour déboucher sur une frénésie plus violente encore. Tout comme si le meurtre d’Antoine n’était que pour nous que le prolongement suprême de l’amour.
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8. Putain de Nelly Arcan
Ce livre dénonce cette société d’apparence où la femme est incitée à être une pute. Ce n’est pas un roman politiquement correct, c’est un livre empreint de vérité, celle d’une femme de notre temps prisonnière du mythe de la beauté, une femme qui cherche à tout prix à plaire.
Et que pensent mes clients de tout ça, de ma mère et de leur femme, de moi et de leur fille, du fait que meurt leur femme et qu’ils baisent leur fille, eh bien que pensez-vous qu’ils en pensent, rien du tout j’en ai peur car ils ont trop de réunions à présider en dehors desquelles ils ne songent qu’à bander, et lorsqu’ils me confient d’un air triste qu’ils ne voudraient pas que leur fille fasse un tel métier, qu’au grand jamais ils ne voudraient qu’elle soit putain, parce qu’il n’y a pas de quoi être fier pourraient-ils dire s’ils ne se taisaient pas toujours à ce moment, il faudrait leur arracher les yeux, leur briser les os comme on pourrait briser les miens d’un moment à l’autre, mais qui croyez-vous que je sois, je suis la fille d’un père comme n’importe quel père
Un autre livre coup de poing!
Pour commander ce livre, cliquez sur Putain.
9. Poèmes de Marie Uguay
Marie Uguay avait un monde à dire… elle était née pour écrire… elle manipulait les mots comme personne. Alors pour lui rendre hommage, pour que sa mémoire survive, son livre est un indispensable, il est un refuge, il est mon temple secret…
J’irai partout ailleurs
l’hirondelle la fumée les roses tropicales
c’est tout le matin ensemble
puis l’homme que l’on aime et que l’on oublie
je serai bien le jour
dans cette moisissure d’or
qui traîne dans toutes les capitales
et le tapis usé les ascenseurs
Je n’ai plus d’imagination
ni de souvenirs forcément
je regarde finir le monde
et naître mes désirs
Si vous souhaitez découvrir une écriture de l’intimité où les mots éclatent dans toute leur beauté, plongez vous aussi dans ce recueil intemporel…
Pour commander ce livre, cliquez sur Poèmes.
10. Volkswagen blues de Jacques Poulin
Ce roman nous entraîne sur les routes de l’Amérique avec deux personnages et un chat en Volkswagen. Les protagonistes empruntent en grande partie la route de l’Oregon, cette route légendaire des pionniers et ils nous livrent le portait de ce que nous avons été et de ce que nous sommes dans toute notre complexité de peuple colonisateur… Les personnages sont attachants et ils nous permettent de vivre un ‘’un road trip’’ à la québécoise!
Se redressant dans son sac de couchage, il écarta le rideau qui obstruait la fenêtre arrière du minibus Volkswagen : il vit une grande fille maigre qui était vêtue d’une robe de nuit blanche et marchait pieds nus dans l’herbe en dépit du froid; un petit chat noir courait derrière elle.
Il tapota la vitre sans faire trop de bruit et le chat s’arrêta net, une patte en l’air, puis se remit à courir. Les cheveux de la fille étaient noirs comme du charbon et nattés en une longue tresse qui lui descendait au milieu du dos.
Si vous voulez en apprendre davantage sur ces deux personnages, il faut les accompagner sur la route à bord de ce vieux minibus!
Pour commander ce livre, cliquez sur Volkswagen blues.
Donc, voici dix bouquins que j’avais envie de partager avec vous pour vous faire connaître mes coups de cœur québécois. Ces livres peuplent mon imaginaire et ils m’accompagnent depuis plusieurs années, bon gré, mal gré…
Avez-vous déjà lu certains d’entre eux?
Appréciez-vous cette liste?
Bien à vous,
Madame lit

Cet article contient des liens d’affiliation grâce à un partenariat avec la coopérative des Librairies indépendantes du Québec. Vous pouvez commander les livres mentionnés par le biais du site Web des Libraires grâce à un lien sécurisé.
Prochain épisode d’Hubert Aquin, il est là juste à coté de moi… 🙂 Belle liste ! Beau drapeau !
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Merci! 🙂 J’espère qu’il ne te décevra pas. C’est vrai qu’il est beau le drapeau du Québec!
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Ah je suis très intrigué par Putain et Kamouraska ! =) Merci de nous faire découvrir un peu de la littérature Québécoise que je ne connais pas !
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J’ai bien hâte de lire une de tes chroniques sur ces romans! Je sais que tu vas aimer! 🙂
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Il faut vraiment que je me lance dans la littérature québécoise, d’autant qu’avec cette sélection, j’ai n’ai que l’embarras du choix ! J’ai l’impression qu’au Québec, on connais mieux la littérature française qu’en France, on ne connait la littérature québécoise, non ?
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« on connaiT mieux la littérature française » : pardon pour la faute…
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Oui. En France, je crois, et peut-être que je me trompe, il n’y a pas d’intérêt pour les auteurs d’ici. Et pourtant… Anne Hébert publiait au Seuil, Ducharme chez Gallimard, Nelly Arcan au Seuil, etc… À vous de me dire pourquoi? Ici, oui, nous nous intéressons à vos auteurs. 🙂
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Je pense que c’est plus une question de médiatisation que d’intérêt : les auteurs les plus médiatisés en France sont surtout européens ou américains (États-Unis). Il y a très peu d’auteurs québécois médiatisés : c’est en fait à nous de faire la démarche de nous tourner vers la littérature québécoise (comme vers la littérature africaine ou sud-américaine, par exemple, qui sont également peu médiatisées). Je crains aussi que la France soit un peu trop autocentrée en matière de littérature francophone…
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Oui. C’est probablement une question de médiatisation. Je ne peux le savoir car je ne lis pas les revues culturelles françaises et je n’ai qu’une chaîne de télé française. Alors, je te remercie pour cette mise au point. Lorsque vos auteurs viennent au Québec, ils ont une bonne couverture médiatique, je peux vous le garantir! Je crois qu’effectivement, il faut s’ouvrir aussi à la littérature africaine ou sud-américaine.
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Je pense aussi que beaucoup font en France un amalgame entre littérature francophone et littérature française : beaucoup pensent par exemple que Maurice Carême ou Amélie Nothomb sont des auteurs français et non belges, sous prétexte qu’ils écrivent dans la langue de Molière !
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C’est vraiment fascinant cette façon de percevoir la littérature en France! Il faudrait que je me rende chez vous durant une longue période de temps pour observer le phénomène littéraire! Je ferais des découvertes pour le moins surprenantes! Merci de ces informations! J’apprends!
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C’est juste une impression que j’ai par rapport à des événements que j’ai pu observer, mais mon avis ne fait pas autorité. Il faut venir en France pour te faire ton propre avis sur la question 🙂
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Je comprends car tout est une question de perception. J’irai certainement un jour dans votre beau pays! 🙂
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Waouh, merci pour cette bibliographie sélective, très belle idée! J’ avais noté quelques titres lors de mes lectures de tes articles. De très belles écritures à découvrir, je connais malheureusement peu la littérature québécoise. Et il y en a pour tous les goûts.
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Oui, j’ai effectivement tenté de varier les styles! Ma prochaine liste vous parlera de mes livres d’amour québécois préférés! Au plaisir et surtout, je te souhaite de belles découvertes livresques québécoises! 🙂
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Je vois que ce sont surtout des valeurs sûres, presque des « classiques » du 20e siècle pour la majorité, dont certains sont étudiés au cégep ou à l’université, je me trompe?
Ce qui n’enlève rien à leur intérêt, au contraire et vous faites bien de les nommer, il ne faudrait pas les ensevelir sous la montagne des nouvelles parutions.
Quant à l’immense problème très réel de la diffusion de la littérature québécoise (ou même canadienne) en Europe, il faudrait remonter loin dans l’histoire de l’édition pour observer d’abord et peut-être comprendre pourquoi nous en sommes là.
Dans votre liste, il y a Marie Uguay que j’ai très peu lu et, à ma grande honte, Nelly Arcan que je n’ai que feuilleté.
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Oui, vous avez bien raison. J’ai choisi des classiques dans cette première liste pour amener tranquillement mon lectorat, qui est aussi composé comme vous pouvez le lire dans les commentaires, de beaucoup d’Européens. Comme relevé dans les propos, le manque de médiatisation de la littérature québécoise en France engendre une méconnaissance de nos auteurs. Je sensibilise pas à pas mes lecteurs à nos auteurs et je commence par les classiques…
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Les sensibiliser est tout à votre honneur, mais je serais frustrée d’avoir le goût de lire certains livres… inaccessibles dans ma librairie ou bibliothèque. Ce qui ne doit pas nous empêcher de continuer à d’en parler.
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Oui… J’ai fait une lecture commune avec un abonné français et nous avons lu « La Voie lactée » de Louise Dupré. Il a dû acheter le livre en version numérique. J’ai appris par un abonné qu’il y avait une libraire québécoise dans le Vième arrondissement de Paris. Je comprends votre commentaire…
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L’Orangeraie me tente bien.
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C’est très bouleversant…
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Je ne connais aucun de ces livres alors merci pour cette chronique ! Je retiens les 3 et 7, pour commencer à découvrir la littérature québecoise. Je note les titres 🙂
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Avec Prochain épisode et Kamouraska, c’est un bon début pour découvrir la littérature québécoise! J’espère que tu pourras les trouver facilement. 🙂
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C’est toujours un plaisir de vous lire sur vos coups de coeur. Certains passages m’ont marqué notamment cette putain fille d’un père comme n’importe quel père. Ce passage est très fort. Merci Madame…
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Oui! « Putain » de Nelly Arcan est un livre bouleversant et il mérite d’être lu…
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