«La boue dont il était le fruit, dans laquelle il avait été formé, coulait dans chaque cellule de son être, lui interdisant d’envisager quoi que ce soit en dehors d’elle.» p. 49
Chère lectrice, Cher lecteur,
J’ai décidé de poursuivre ma lecture de Crépuscule du tourment de Léonora Miano en lisant le second tome dont le sous-titre est Héritage. Comme les Grand prix littéraires d’Afrique noire étaient à l’honneur en octobre pour le défi littéraire 2020 de Madame lit et que Léonora Miano a reçu la prestigieuse récompense en 2011 pour l’ensemble de son oeuvre, il me fallait après avoir lu le tome 1, lire le 2.
Que raconte le roman?
Alors que le premier tome était consacré à la féminité, dans le second, il est question de la masculinité. Après avoir laissé sa conjointe battue à moitié morte sur le pavé, Amok décide de prendre la route et de partir retrouver son père. En chemin, lui et sa connaissance Charles sont victimes d’un accident. C’est alors que débute une plongée intérieure amenant Amok à revisiter ses souvenirs; il côtoie ses démons pour peut-être renaître en acceptant qui il est grâce à l’écriture. Il est confronté à ses relations féminines, masculines afin de renaître à la vie.
Ce que j’en pense
J’avais beaucoup aimé ma lecture du premier tome. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai moins apprécié lire le second. Les deux tomes m’apparaissent comme un tout. Comment les séparer? Est-ce que parce que dans le premier Amok était décrit comme un monstre? Peut-être… Dans le second, le lecteur comprend un peu sa violence et son manque d’équilibre psychologique. Ses pulsions de mort régissent son agir. On apprend qu’enfant, il a été violé à répétition par sa tante sous le toit paternel. On apprend qu’enfant, il a assisté à répétition à la violence de son père. Est-ce suffisant pour s’attacher à lui? Non. Je ne l’ai pas trop apprécié comme personnage. Je n’ai pas réussi à ressentir de la compassion pour lui malgré les atrocités qu’il a vécues dans son enfance. Aussi, je n’ai pas trop compris le dernier chapitre où le mari d’Ixonora, le meilleur ami d’Amok, revient d’entre les morts pour nous présenter son point de vue de la situation et accompagner son ami sur le chemin de la rédemption.
Je crois que j’ai eu aussi un peu de difficulté avec certains rebondissements qui m’apparaissaient surnaturels et je crois qu’ils n’apportaient rien au récit (surtout le dernier chapitre). Cependant, Amok recherche son identité malgré tout. Sa quête se veut marquée par les ombres, les ténèbres. Il cherche son crépuscule à travers un héritage (une mère silencieuse, un père violent) pour tenter de renaître pour son fils adoptif qu’il aime. Il est entouré parfois de personnages surnaturels, voire mythologiques, pour illuminer son tunnel.
«S’il y avait bien en lui une force obscure, s’il la tenait de ses ascendants, c’était à lui de s’en emparer et de la gouverner. Il avait failli à cette tâche, remettant entre des mains tierces ce qui était en son pouvoir. Transformer son héritage était impossible sans une acceptation, une possession totale de celui-ci. La matière sombre dont il avait voulu se dissocier n’était pas le mal en soi, mais une force dont lui seul maîtrisait les effets.»
Ainsi, Amok pourra s’aventurer dans un voyage intérieur pour se libérer de ses démons. Mais bon. Comme mentionné, il faut lire les deux tomes pour saisir toute la complexité des personnages et je suis bien contente de l’avoir fait. De plus, ces récits m’ont permis de découvrir la plume de Léonora Miano. Cette dernière possède un talent indéniable de conteuse et elle réussit à nous transporter ailleurs, dans un monde qu’elle connaît et qu’elle sait construire. Elle trace les contours avec brio de ce monde et elle le rend vivant par la puissance de ses personnages.
D’ailleurs, l’autrice a remporté le prix Fémina en 2013 pour La saison de l’ombre. Cette écrivaine camerounaise mérite qu’on lise les deux tomes de Crépuscule du tourment, car ils évoquent une quête spirituelle marquée par les liens du sang, par les êtres disparus guidant les vivants, par des désirs qu’il faut nommer pour leur donner une place dans la réalité dans une Afrique affligée par les tabous, les interdits.
Le deuxième tome s’avère intime, personnel et il apparaît comme un mal nécessaire.
Qu’en pensez-vous?
Bien à vous,
Madame lit
MIANO, Léonora. Crépuscule du tourment, T. 2, Héritage, Paris, Bernard Grasset, coll. Press Pocket, 2017, 316 p.
ISBN : 978-2-266-28050-1

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Vraiment pas sympa la tata…
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Non… pas facile à lire cette partie…
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