Chère lectrice, Cher lecteur,
Le Festin de livres m’a proposé de présenter un roman publié en 2021 ou en 2020 pour ma dernière capsule. J’ai demandé à la libraire de la librairie Rose-Marie de Buckingham de m’en proposer un. Elle a ciblé Wapke, un recueil de nouvelles d’anticipation autochtone, publié aux Éditions Stanké, sous la direction de Michel Jean. Ce recueil est le premier dans le genre à être publié au Québec. Comme je trouve qu’il faut lire la littérature autochtone, je n’ai pas hésité à dire oui.
Tout d’abord, il importe de mentionner que Wapke signifie futur en langue atikamekw comme il est stipulé sur la quatrième de couverture. Pour un recueil de nouvelles d’anticipation, le titre ne pouvait être mieux choisi. Ainsi, Joséphine Bacon (Innue), Natasha Kanapé Fontaine (Innue) ou encore Cyndy Wilde (Anicinipape et Atikamekw), pour ne mentionner que ces dernières, offrent un portrait post-apocalyptique à leur lectorat. Ils sont 14 à proposer des nouvelles sur ce que sera l’avenir et ce qui m’apparaît vraiment intéressant c’est que les autrices et les auteurs sont nommés et la communauté autochtone à laquelle ils appartiennent est identifiée. Aussi, les thèmes relevés dans ce recueil sont divers. Je peux citer l’impact du réchauffement climatique, le gouvernement autoritaire, la technologie, la fécondité, l’identité, le racisme, la discrimination, le fantastique, etc. J’ai trouvé ces nouvelles fascinantes, voire perturbantes en ces temps de pandémie. À cet égard, j’ai été profondément perturbée par «Pakan» (Autrement) de Cyndy Wilde. Ainsi, j’ai pu relever des éléments qui me semblaient tributaires de la réalité. Par exemple :
«Cette pandémie aura quintuplé la superficie du fossé qui sépare les Autochtones des Québécois» (p. 95)
Ou encore :
«La disparition d’une femme autochtone avait laissé la plupart des gens dans l’indifférence la plus totale». (p. 98)
On peut se référer aux nombreux cas de disparition de femmes autochtones qui sont demeurés des mystères. Ça donne froid dans le dos.
Mais encore, je me suis retrouvée en ce qui concerne la nature. Les nouvelles démontrent souvent à quel point les Autochtones ont besoin de la nature et qu’ils en sont près, qu’ils veulent préserver la Terre-Mère. Je ressens de plus en plus ce besoin d’être dans la nature, près des oiseaux et des arbres, des cours d’eau et ce, depuis le début de la pandémie. Il y a des passages magnifiques illustrant ce constat. Ainsi, dans la nouvelle «2091» d’Elisapie Isaac, Inuk de Salluit, il est mentionné qu’il faut accueillir le silence et qu’il importe de ne pas chercher à le meubler. Ce dernier invite au recueillement, à l’observation, à l’essentiel. Mais encore, il décrit le paysage du Labrador qui doit être splendide (je n’y suis jamais allée) :
«Sur le pont, Tayara admire la vue avec quelques voyageurs. Les vallées, les montagnes, l’infinie beauté du Nord. Ils voguent vers leur première destination, les monts Torngat, vers le Labrador. Un site spectaculaire, un de ses endroits préférés. À chaque visite, la même émotion le submerge. Il ne se lasse jamais depuis huit ans, à raison de quatre voyages chaque été. » (p. 113-114)
Si vous avez envie de découvrir des autrices et des auteurs de choix, n’hésitez pas à lire Wapke. Ce dernier est aussi empreint de poésie :
Une nuit d’étoiles et moi.
Il me semble entendre des pas.
Un vieil homme, panaches de caribou autour
de la taille, veste blanche brodée de rouge, perce
l’horizon.
Grand-père, je n’entends plus ton coeur.
Je sais. (Joséphine Bacon, «Uatan, Un coeur qui bat», p. 201.
Mais encore, voici ma troisième capsule pour Le Festin de livres.
Que pensez-vous de ce recueil ou de mon billet?
Bien à vous,
Madame lit
JEAN, Michel [sous le direction de]. Wapke, Montréal, Stanké, 209 p.

Cet article contient des liens d’affiliation grâce à un partenariat avec la coopérative des Librairies indépendantes du Québec. Vous pouvez commander Wapke via Les Libraires grâce à un lien sécurisé.
Je suis très intéressé par ce recueil de nouvelles qui semble tout à fait dans l’esprit de mon blog, ouvert sur le monde, à la recherche de la mémoire et portant ce que nous avons en commun pour avancer. Une très belle chronique et capsule… Je sais maintenant de quoi il s’agit ! Merci et bonnes lectures. Alain « Bibliofeel »
J’aimeAimé par 1 personne
Je suis bien contente de l’apprendre. Je partage votre opinion sur l’ouverture aux autres. Je vous souhaite une belle découverte avec recueil!
J’aimeAimé par 1 personne
Je vais laisser un commentaire auquel tu t’attendais sûrement : « je ne lis pas beaucoup de nouvelles » 🙂 À l’exception d’une auteure allemande contemporaine…
Mais je dois dire que le sujet est très intéressant ! Et puis la couverture me plaît énormément 🙂
Merci pour cette nouvelle capsule.
Bonne soirée Madamelit
J’aimeAimé par 1 personne
Je sais que tu ne lis pas beaucoup de nouvelles. C’est un genre aussi qui ne m’attire guère. Mais, je ne pouvais passer à côté d’un premier recueil d’anticipation autochtone. Les autrices et les auteurs de ce dernier méritent d’être lus. Leurs textes sont riches, poétiques et variés. Merci beaucoup Eva!
J’aimeAimé par 1 personne
J’ai aimé aussi, mais peut-être différentes nouvelles! Celle d’Elisapie est en effet marquante.
J’aimeAimé par 1 personne
Merci Karine! Bonne année et au plaisir de te lire!!!
J’aimeJ’aime