Chère lectrice, Cher lecteur,
Je suis plongée en ce moment dans un livre et dans ce dernier, grâce à l’auteur qui avait inséré ce poème dans le récit, j’ai découvert un texte merveilleux. Je suis charmée par la grâce et la beauté de ce dernier. Ce poème s’intitule «J’ai tant rêvé de toi» de Robert Desnos (1900-1944). J’ai fait quelques recherches et j’ai appris que ce poète avait connu un destin tragique. Voici l’information relevée sur sa page Wikipédia:
«De juillet 1942 jusqu’à son arrestation, le 22 février 1944, il participe au réseau de résistance AGIR. Depuis Compiègne, il est déporté le 27 avril 1944 vers Flöha, via Auschwitz, Buchenwald et Flossenbürg. Épuisé par deux semaines d’une marche de la mort qui l’a amené fin avril 1945 à Theresienstadt, il meurt dans un revier dantesque un mois après l’abandon du camp par les agents de la Sipo. Reconnu peu avant sa mort par un étudiant tchèque mobilisé, son corps est rapatrié en octobre et enterré au cimetière du Montparnasse.»
Quelle tristesse! Périr dans une marche de la mort… Je n’en reviens tout simplement pas.
Alors, voici son poème «J’ai tant rêvé de toi». Ce dernier est tiré de son recueil À la mystérieuse.
J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant
et de baiser sur cette bouche la naissance
de la voix qui m’est chère ?
J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre
à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante
et me gouverne depuis des jours et des années
je deviendrais une ombre sans doute,
Ô balances sentimentales.
J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille.
Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie
et de l’amour et toi, la seule qui compte aujourd’hui pour moi,
je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.
J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme
qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant,
qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois
que l’ombre qui se promène et se promènera allègrement
sur le cadran solaire de ta vie.
C’est tellement puissant comme hymne à la personne aimée et perdue… Je crois bien que je suis la lectrice idéale de ce poète. Je vais même me laisser tenter et acheter Oeuvres de Desnos, chez Gallimard Quarto.
Connaissiez-vous ce poème?
Bien à vous,
Madame lit
Tu le sais, j’aime Desnos et son ton si personnel et universel à la fois. Je ne connaissais pas particulièrement ce poème « J’ai tant rêvé de toi ». Il me reste de lui, et surtout de la réaction de jeunes ados à la lecture du poème mis en scène dans le cadre des cours d’art dramatique que je partageais avec un de mes collègue, l’authenticité de l’espérance qui nous anime en cette année 2022 avec son poème La voix. Ne l’entendez-vous pas?
La Voix
Une voix, une voix qui vient de si loin
Qu’elle ne fait plus tinter les oreilles,
Une voix, comme un tambour, voilée
Parvient pourtant, distinctement, jusqu’à nous.
Bien qu’elle semble sortir d’un tombeau
Elle ne parle que d’été et de printemps.
Elle emplit le corps de joie,
Elle allume aux lèvres le sourire.
Je l’écoute. Ce n’est qu’une voix humaine
Qui traverse les fracas de la vie et des batailles,
L’écroulement du tonnerre et le murmure des bavardages.
Et vous ? Ne l’entendez-vous pas ?
Elle dit « La peine sera de courte durée »
Elle dit « La belle saison est proche. »
Ne l’entendez-vous pas ?
Robert Desnos – Contrée (1936-1940)
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Quel beau poème! Merci pour le partage! Je ne le connaissais pas. Je veux découvrir ce poète. Il me parle beaucoup. Notre monde a tant besoin de poésie en ce moment… Il faut habiller nos blogues de merveilleux poèmes afin que résonne le beau dans le chaos. Au plaisir!
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Ce poème en particulier, non, mais j’ai lu des extraits de ses écrits, son œuvre est très sensible. Je n’avais pas songée à lui depuis très longtemps, cela me donne envie de le lire plus sérieusement.
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Merci de partager cela avec nous. Ce poème me donne envie de le découvrir et de le lire aussi.
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Oui tout à fait 🙂
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Bonjour Nathalie ! « j’ai tant rêvé de toi » est un magnifique poème d’amour malheureux. Le recueil « corps et biens » de Desnos est tout à fait génial et je le relis souvent. Bonne journée à toi 🙂
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Merci! Je suis vraiment touchée par la plume de cet homme. Bonne fin de journée!
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ah Robert Desnos et ce poème ! Mon poème préféré toutes catégories et poètes de tous pays confondus, c’est un poème écrit pour moi, c’est mon autobiographie écrite par quelqu’un d’autre, je dis autobiographie parce que j’aurais tellement aimé l’écrire. Il est tiré du merveilleux recueil Corps et biens.
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C’est un immense poème. Nous aurions aimé l’écrire… Robert Desnos possédait un talent fou. La fin de sa vie me désole au plus au point. Il avait un monde à nous dire… Je suis heureuse de connaître maintenant votre amour pour ce poème. Merci!
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