
Notre part de nuit
«1859 Porter notre part de la nuit – Notre part du matin – Emplir notre blanc de bonheur Notre blanc de dédain – Étoile par-ci, étoile par-là, Certains s’égarent! Brume par-ci, brume par-là, Après – le Jour!» Emily Dickinson, traduit de l’anglais par Claire Malroux
Chère lectrice, Cher lecteur,
Porté par un poème d’Emily Dickinson, Notre part de nuit de Mariana Enriquez, s’avère un livre monstre, où l’instance lectrice est emportée malgré elle dans des sphères ténébreuses, malsaines, diaboliques avec comme toile de fond une Argentine tourmentée. Je voulais le lire depuis sa sortie, alors lorsqu’Alto a proposé une édition CODA, je me suis empressée de demander une copie en service de presse. Je tiens par ailleurs à remercier la maison d’édition pour cet envoi. Mais encore, en rédigeant une chronique sur ce dernier, je peux participer au mois latino-américain organisé par Ingannmic, car en février, il faut lire un bouquin d’une autrice ou d’un auteur d’Amérique latine.
Tout d’abord, qui est Mariana Enriquez?
Selon le site Web d’Alto :
«Mariana Enriquez (Buenos Aires, 1973) a fait des études de journalisme à l’université de La Plata et dirige Radar, le supplément culturel du journal Página/12. Elle est l’autrice d’un roman et de deux recueils de nouvelles traduits de l’espagnol au français par Anne Plantagenet (Éditions du sous-sol). Kazuo Ishiguro a dit de son univers qu’il était «la découverte littéraire la plus excitante [qu’il a faite] depuis longtemps.» Chez Alto, elle a publié Notre part de nuit, au format CODA, et Les dangers de fumer au lit.»
Il va sans dire que je vais continuer à suivre les univers de cette autrice car j’ai été moi aussi envoûtée par ce que j’ai lu d’elle avec Notre part de nuit.
Notre part de nuit de Mariana Enriquez et Madame lit
Dès le départ, j’ai été happée par cette histoire mettant en scène un père violent et malade, Juan, et son fils Gaspar, qui partent sur les routes de l’Argentine dans un «road-trip» au début des années 80. L’un est en deuil de la femme aimée et l’autre de sa mère. Juan fait tout son possible pour éloigner son fils de la famille de sa femme décédée car cette dernière est liée à une secte. Cette secte commet des actes terribles, barbares, pour tenter d’atteindre l’immortalité ou maintenir en vie la conscience. Juan et Garpar réussiront-ils à lui échapper? Le destin finira-t-il par les rattraper?
Dans ce livre, j’ai été témoin d’actes horrifiants, sataniques. L’Obscurité n’est jamais loin et les maisons sembles possédées. Le pouvoir de la secte est immense et il s’infiltre dans le coeur noir des uns et dans les pensées des autres. J’ai ressenti la peur des personnages envers la magie noire ou encore la sorcellerie. Il y a même une jeune fille à qui il manque un bras qui disparaît à l’intérieur d’une maison et sa disparition aura un impact sur le devenir de Gaspar et de ses amis Vicky et Pablo.
Ce que j’ai trouvé le plus fascinant dans ce récit, c’est l’Histoire du Culte de l’Ombre et des médiums. Car Juan est un médium qui sait voir les morts sauf son amour.
«Ils avaient entendu des histoires à propos d’un esprit qui se manifestait sous la forme d’une lumière noire et avait un pouvoir de divination et de prophéties.» (p. 422)
«Seuls les médiums peuvent faire venir cette Obscurité qui parle et nous permettra de vivre pour toujours, d’être comme des dieux. Les mortels sont le passé, m’a dit un jour Florence.» (p.450)
Durant toute ma lecture, je me suis dit que Mariana Enriquez possédait une imagination à nulle autre pareille. Je n’ai encore rien lu de tel même dans les romans de Stephen King.
Le seul bémol à cette histoire, je dirais, ce sont les nombreux personnages que la lectrice ou le lecteur rencontrent. Je trouvais qu’ils étaient trop nombreux. C’est vrai que pour offrir un roman de plus de 800 pages, il faut bien suggérer quelque chose….
Mais encore, la construction du récit apparaît géniale. Mariana Enriquez propose à son lectorat les morceaux d’un casse-tête qu’il doit rassembler à travers les différentes époques ou encore par le biais des voix qui se font écho pour réussir à contempler tout le portrait démoniaque du récit. C’est fort, c’est un voyage au bout de la nuit, c’est un navire rempli de bêtes terribles qui avance au fil des pages. Âmes sensibles, abstenez-vous.
Malgré tout, je vous invite à découvrir cette histoire marquée par l’Obscurité, par les sacrifices humains, par les rituels, par les puissances occultes, par les meurtres. Je ne me suis pas ennuyée. Ce livre mérite certainement les critiques élogieuses qu’il a reçues et les nombreux prix que son autrice a remportés grâce à lui.
C’est une belle histoire aussi d’amitié entre Gaspar, Vicky et Pablo. C’est également une belle histoire entre un père qui veut à tout prix protéger son enfant et celle d’un fils qui doit tenter de comprendre les forces occultes l’entourant, tout cela sous fond de dictature.
Avez-vous lu Notre part de nuit de Mariana Enriquez?
Bien à vous,
Madame lit
Enriquez, M. (2023). Notre part de nuit, traduit de l’espagnol par Anne Plantagenet. Alto/CODA.
ISBN : 978-2-89694-616-7
Vous avez remarqué une faute dans mon article? Écrivez-moi à lit.madame@gmail.com et il me fera plaisir de la corriger. Je ne suis pas parfaite… et il m’arrive aussi d’en faire. Merci et bonne lecture!!!
Cet article contient des liens d’affiliation grâce à un partenariat avec la coopérative des Librairies indépendantes du Québec. Vous pouvez commander Notre part de nuit par le biais du site Web des Libraires grâce à un lien sécurisé.
Bonjour Nathalie. Merci de cette présentation. Je ne connaissais pas cette écrivaine d’Amérique latine. 800 pages c’est tout de même un très gros pavé ! Et l’histoire autour du satanisme ne m’attire pas trop. Malgré tout je retiens le nom de cette autrice ! Bonne journée !
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Merci Marie-Anne! Oui, c’était un gros livre… mais j’ai pu découvrir cette autrice dont les procédés romanesques sont forts. Bonne semaine!
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Non, je ne l’ai pas lu mais c’est en projet ! Seulement je n’ai pas été raisonnable = je l’ai acheté dès sa sortie, en grand format, et pour l’emporter lors de mes multiples pérégrinations en transports en commun… aïe aïe aïe !!
Plus je lis d’avis à son sujet, et plus je suis convaincue que je vais adorer..
Merci pour cette belle participation au Mois latino !
Ingannmic
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Je l’ai lu dans un petit format alors je te comprends pour le transport! Merci pour cette organisation autour des lectures de l’Amérique latine!
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Il me tente bien! Ta présentation m’a fait penser à un autre roman, qui a l’air de se passer dans le même genre d’ambiance : Intérieur nuit de Marisha Pessl. L’as-tu lu?
Non… En tous les cas, je celui-ci, je le recommande. Il a remporté plusieurs prix.
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En projet de lecture, j’attends un moment plus calme
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D’accord. Au plaisir!
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