Chère lectrice, Cher lecteur,
Je me permets de partager avec vous un poème de René Char paru en 1948 dans Fureur et mystère publié chez Gallimard… Il résonne comme un chant d’été… comme une longue tristesse; un écrit mélancolique mais beau comme un soleil…
Évadné
L’été et notre vie étions d’un seul tenant
La campagne mangeait la couleur de ta jupe odorante
Avidité et contrainte s’étaient réconciliées
Le château de Maubec s’enfonçait dans l’argile
Bientôt s’effondrerait le roulis de sa lyre
La violence des plantes nous faisait vaciller
Un corbeau rameur sombre déviant de l’escadre
Sur le mulet silex de midi écartelé
Accompagnait notre entente aux mouvements tendres
La faucille partout devait se reposer
Notre rareté commençait un règne
(Le vent insomnieux qui nous ride la paupière
En tournant chaque nuit la page consentie
Veut que chaque part de toi que je retienne
Soit étendue à un pays d’âge affamé et de larmier géant)C’était au début d’adorables années
La terre nous aimait un peu je me souviens.
Trouvez-comme moi que ce poème se veut un hymne à un amour ancien et que la nature a été témoin de ce dernier?
Bien à vous,
Madame lit
C’est ce que je comprends aussi…
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🙂
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Poème ô combien énigmatique qui m’a tant bouleversée un jour que je tombais en colle dessus (j’avais 1h pour en préparer un commentaire), que j’ai eu beaucoup de mal à parlé, la gorge nouée par l’émotion tout le long de l’oral. C’est un des plus beaux poèmes que je connaisse. Évanescence d’un amour, d’une époque,d’un bonheur et l’esquisse noire de la guerre. Dure et douce mélancolie. Je suis heureuse de le recroiser ici, et comme à chaque fois que je le relis, ma gorge se noue. Merci pour ce partage!
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Un souvenir alors chargé d’émotion et comme toi, j’ai la gorge nouée en le lisant… Merci pour ce commentaire touchant.
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Superbe. Il faut le lire plusieurs fois, réfléchir, prendre le temps, pour comprendre ce poème. Mais même si le sens ne se laisse pas deviner facilement, les mots, les sons, forment un tout beau et harmonieux.
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Oui… un poème à lire, à relire pour s’abreuver de sa beauté… Il y a certainement plusieurs sens à ce dernier… J’adore son harmonie, sa mélancolie…
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Très beau poème, pour ma part il m’inspire plus l’automne et la lumière déclinante du soir qui nappe le paysage de grisaille !
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Oui! La nature nous parle beaucoup dans ce dernier…Merci!
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Comme je l’aime lui ❤
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On est deux!!! 🙂
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Il y a une communion avec la Nature … si ambigüe « La terre nous aimait un peu je me souviens. »
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Je trouve ce vers tellement beau… cette ambiguïté semble engendrer un magnifique effet de mélancolie…
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… oui, le « un peu » est d’une force troublante qui appelle la nostalgie amoureuse
Bonne soirée à Nous 🙂
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René Char, un grand morceau de ma terre, tant j’y pousse depuis si longtemps. Je pense que l’année d’écriture de ce poème avait une douleur d’époque. Cet homme que la terre a porté dans toute sa solitude devait vivre les années sombres de la guerre. Sa sensibilité l’a toujours placé dans une situation extrême. Où la part d’amour n’a jamais cessé de s’exprimer quel qu’en soit le motif.
Mais « Les Matinaux » germaient.
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Merci beaucoup pour ce commentaire au parfum de la terre…
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Le parfum dont s’agit est profondément troublant pour ceux, dont je suis, qui l’ont humé de leurs tripes. Parce que c’est celui d’une terre ouverte sur laquelle on ne marche pas avec ses pieds.❤️
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Oui…
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