Madame lit Un livre sur Mélanie Cabay de François Blais
Chère lectrice, Cher lecteur,
J’ai décidé de lire Un livre sur Mélanie Cabay de François Blais parce que je n’avais encore rien lu de cet auteur québécois qui s’est enlevé la vie en mai dernier. Il avait mon âge. Je n’ai pas choisi pour entrer dans son univers un livre dont le sujet semble joyeux. Pour celles et ceux qui s’en souviennent, Mélanie Cabay a été assassinée en juin 1994. Toujours est-il que j’ai acheté le livre lors de l’événement le 12 août, j’achète un livre québécois pour rendre hommage à cet écrivain et pour découvrir sa plume.
1994-année terrible- année marquée par de nombreux morts- des Tutsis sont massacrés au Rwanda, un génocide épouvantable qui va entraîner la mort de plus de 800 000 êtres humains. Le 22 juin, on parle au Téléjournal du déclenchement de l’opération Turquoise par la France. Cette même journée de juin, une jeune femme québécoise de 19 ans est portée disparue après avoir passé la soirée avec des amis dans un domicile de Montréal. Son corps est retrouvé deux semaines plus tard dans un fossé à Mascouche par un motocycliste. Son meurtrier ne sera jamais identifié. Elle s’appelait Mélanie Cabay. Elle a été battue, violée, étranglée. Elle avait toute la vie devant elle.
Dans ce livre, François Blais passe en revue les différents quotidiens afin de découvrir des éléments sur l’assassinat de cette jeune femme. Il essaye de comprendre pourquoi Mélanie a été tuée et pas lui. Il est bien entendu question de féminicide dans ce récit. Lorsque tu nais femme, tu as plus de risque d’être abandonnée morte dans un fossé et ce, parfois, dans le silence le plus total comme bien des femmes autochtones au Canada. Rappelons-le, ces dernières ont 8 fois plus de risque d’être tuées.
Pour en apprendre davantage sur les assassinats de femmes autochtones, lire aussi : «Disparitions et assassinats de femmes autochtones: une tragédie au Québec aussi»
François Blais apparaît dégoûté au point où il décide de ne pas avoir d’enfant. Comme il le mentionne s’il avait une fille :
«Chaque fois qu’elle sort le soir vous avez peur qu’elle ne revienne pas, c’est plus fort que vous. Mais elle revient toujours. Jusqu’au soir où elle ne revient pas, parce qu’elle a croisé la route d’un monstre qui s’est servi d’elle pour assouvir ses pulsions et l’a ensuite jetée, comme un déchet, dans un boisé de la montée Dumais, à Mascouche. Et voilà, c’est fini. Votre vie est finie.
Je n’aurais jamais d’enfants.» (p. 35)
De plus, Blais aborde les meurtres de jeunes femmes ou de fillettes comme ceux d’Erika Provencher, Marie-Ève Larivière ou Julie Boisvenu. Autant de noms que j’ai entendus au fil des années. Il les nomme pour qu’elles ne soient pas oubliées. Toutes ces disparitions ont alimenté les nouvelles québécoises. Elles sont épouvantables car pour certaines des victimes, les criminels n’ont jamais été inculpés. Je me revois dans ma voiture lors de l’annonce de la disparition d’Erika Provencher en 2007. Elle avait neuf ans. Je songe au visage de son père à la télé rempli de détresse. On ne peut pas oublier de tels drames… Le Québec a ses drames et les féminicides en font malheureusement partie.
1994- Et lui, que faisait-il cette année là? On revisite avec lui son année, celle où Kurt Cobain s’est enlevé la vie dans sa maison de Seattle. Blais mélange son histoire à celle de la culture populaire. Ainsi, lui a eu la chance de la vivre dans son entièreté alors que plusieurs femmes n’ont pas pu la terminer comme Mélanie Cabay.
Mais encore, Blais tente de faire des liens entre des meurtres pour essayer de découvrir l’assassin de Mélanie Cabay. Ce qui l’amène à relever que 4 jeunes femmes ont été tuées par strangulation sur un petit territoire en 1994, en 3 mois (deux à Montréal, deux sur la Rive-Nord (Sabina Mitchell-18 ans-, Mélanie Cabay-19 ans-, Marie-Chantal Desjardins-10 ans-, Dora Psyrri-27 ans).
Personne n’a fait de lien entre ces meurtres, ce qui amène Blais à mentionner :
«Apparemment, personne à l’époque n’a songé à les relier». (p. 94)
Il juge ainsi ces affaires de meurtres bâclées.
Et lui de dire :
«Qui a tué Mélanie Cabay? Comment pourrais-je le savoir? Je ne suis qu’un épais avec une connexion Internet. (p. 97)
Si vous avez envie de découvrir une histoire marquée par le meurtre d’une jeune femme, Mélanie Cabay, n’hésitez pas. François Blais écrivait très, mais très bien. J’aurais aimé le connaître. Il s’est enlevé la vie. Il avait mon âge. Il était un brillant écrivain.
Connaissiez-vous ce livre? L’avez-vous lu?
Bien à vous,
Madame lit
Blais, F. (2018). Un livre sur Mélanie Cabay. L’instant même.
ISBN 978-2-89502-406-4
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C’est dommage de ne pas vouloir avoir d’enfants pour cette raison… La très grande majorité des femmes ne se font pas assassiner et leur espérance de vie est supérieure à celle des hommes… Merci de cette présentation intéressante Nathalie! Bonne soirée !
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Merci à toi Marie-Anne. Bonne lecture!
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Ta chronique est très émouvante. Je ne lirai peut-être pas ce livre, il ya tellement de livres intéressants, mais j’ai apprécié de le découvrir grâce à toi. Merci Nathalie. Alain
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Merci Alain. C’est gentil. Bonne lecture et au plaisir de te lire.
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J’ai lu François Blais mais ce thème m’inquiète toujours, surtout quand c’est écrit par un homme. Si tu dis que c’est bien fait, pourquoi pas!
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Oui, c’est bien fait et pas très long. Je te le recommande sans hésitation. Merci!
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Coucou
Très émouvant partage, merci pour cette découverte
Je ne l’ai pas encore lu, je note
Très belle journée
Bisous
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Merci Anita. Au plaisir!
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